Depuis quelques mois, le quartier de Martissant est devenu tout carrément un enfer pour ses riverains; au pire un abattoir humain. Cela s’explique par le fait qu’il est traversé par la nationale #2. Cette route qui relie quatre départements géographiques du pays à la capitale haïtienne, est quasiment infréquentable. La guerre entre les gangs armés, l’Etat qui s’avoue pratiquement vaincu si l’on tient compte de toutes les tentatives de réduire les bandits au silence qui ont échoué. La police qui ne fait pas le poids face aux bandits mieux équipés et d’un DG à l’autre, on a l’impression que la formule magique pour en finir avec ce « gangland » n’est pas encore trouvée. Seuls les autobus assurant le trajet Port-au-Prince/Cayes peuvent l’emprunter avec un minimum de quiétude, les autres sont sujets à toute sorte d’exactions. Ils risquent d’être criblés de balles ou être mis à sac.
Des passagers préfèrent payer jusqu’à 1000 gourdes pour se rendre à Carrefour, Gressier où à Léogane, en montant dans ces grands bus en direction de la métropole du Sud.
Ce jeudi 27 Janvier 2022, plusieurs des passagers qui sont montés dans un autobus de la compagnie « Transport Chic » juste parce qu’ils ne voulaient pas risquer leur vie dans une camionnette ou minibus assurant le trajet du centre-ville de Port-au-Prince à Carrefour. Un couple qui vient de payer deux mille gourdes pour se rendre à Mariani estime que l’Etat haïtien ne cesse de faire montre de sa passivité face à cette situation. « On est obligé de payer le montant pour se rendre aux Cayes alors qu’on s’arrête à Mariani. Ce n’est pas une vie ça. Ça doit changer », expliquent les amoureux.
Une autre personne ayant payé aussi 1000 gourdes dans les grands bus à destination de la métropole du Sud pour ne s’arrêter qu’à Léogane n’a pas caché sa hargne non plus. « Haïti est le seul pays où les dirigeants ne cachent pas assez leur liasion directe avec les bandits qui terrorisent la population », regrette-t-elle.
Faire régner la paix dans la cité semble être le cadet des soucis des autorités haïtiennes qui se donnent pour seule mission d’organiser les élections.
Saint Jude et Tara’s sont les deux autres options envisageables pour se rendre à Port-au-Prince.
Des étudiants résidents à Carrefour sont en grande difficulté pour continuer leurs études. Des employés des institutions privées et publiques ne peuvent pas continuer à payer des prix exorbitants les courses à l’aller et au retour via Saint Jude et Tara’s pour se rende au bureau.
Le peuple haïtien très résilient en arrive toujours à s’adapter aux multiples péripéties qui pavent son histoire. Que ça soit l’embargo, l’opération Bagdad, l’après-séisme, l’après-Mathew. Saura-t-il tenir bon dans ce contexte où les gangs font la loi et les empêchent de mener à bien leurs activités quotidiennes?
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