En Haïti, les gangs ne se contentent plus de terroriser les quartiers populaires
ou de racketter les entreprises ; ils imposent leurs règles, négocient directement avec des
acteurs politiques et s’invitent dans les rouages de la décision publique.
C’est une véritable souveraineté parallèle qui s’installe,
avec ses codes, ses hiérarchies et ses tribunaux de fortune.
Cette dynamique ronge les fondements mêmes de l’État.
Une justice fragilisée
L’indépendance de la justice, déjà fragile, est compromise
par la corruption et les pressions.
Les magistrats honnêtes se retrouvent marginalisés, menacés ou réduits au silence.
Un État gangrené
La vie publique, gangrenée par le clientélisme,
perd toute crédibilité aux yeux des citoyens,
qui n’y voient plus qu’un théâtre d’ombres manipulé par l’argent sale.
Dans un tel climat, l’action politique cesse d’incarner l’intérêt général
pour devenir l’extension d’intérêts criminels.
Si cette tendance se consolide, Haïti ne sera plus simplement un État affaibli,
mais un État criminel, où la frontière entre gouvernance et illégalité disparaît.
Le spectre du point de non-retour
L’histoire récente d’autres pays – de la Colombie des cartels
aux Balkans des années 1990 – montre qu’il est difficile,
une fois cette étape franchie, de revenir en arrière.
La normalisation du crime comme mode de régulation sociale
crée un véritable point de non-retour.
Une réponse globale et systémique
Face à ce péril, la réponse ne peut être ni partielle ni improvisée.
Elle doit être globale et systémique :
- Assécher les flux financiers qui nourrissent les gangs,
en s’attaquant aux circuits de blanchiment et aux complicités transnationales ; - Renforcer l’intégrité des institutions par une réforme profonde
de la police et de la justice, pour les rendre crédibles et indépendantes ; - Bâtir une culture de transparence et de responsabilité publique,
où les alliances douteuses entre criminels et élites politiques sont dénoncées et sanctionnées.
Un combat vital
Il ne s’agit pas d’un combat facile, mais d’un combat nécessaire,
vital même, car il engage la survie de l’État haïtien.
Si rien n’est fait, la criminalisation irréversible des institutions
deviendra réalité, enfermant la société dans une spirale
dont seuls les acteurs armés sortiront vainqueurs.
Entre l’abîme de l’État mafieux et l’espoir d’une reconstruction institutionnelle,
il n’y a qu’un choix : restaurer la primauté du droit, coûte que coûte.
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