Depuis l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, les représentants de la diplomatie américaine en Haïti adoptent une rhétorique ambiguë concernant le rétablissement de l’ordre sécuritaire, l’enquête sur l’assassinat du chef de l’État et le trafic d’armes alimentant la violence des groupes armés.
Des sanctions stratégiques et ambiguës
Les sanctions imposées à certaines personnalités politiques et économiques impliquées dans l’assassinat de Jovenel Moïse et dans la formation de groupes armés s’apparentent, au regard de la tradition judiciaire américaine, à une stratégie de confusion et de division. Ces sanctions entravent l’institutionnalisation de l’État haïtien, qui continue d’accumuler des gouvernements de transition inefficaces.
Aucun document officiel du FBI, du Département d’État américain ou de la NSA n’a été transmis aux autorités haïtiennes pour permettre des poursuites judiciaires contre les personnalités sanctionnées, qui demeurent des acteurs clés des antagonismes politiques en Haïti. Cette absence de coopération persiste malgré les démarches de l’ancien marine américain Rod Joseph, qui a tenté de jouer un rôle de médiateur entre les deux États en sollicitant les agences d’enquête américaines. Cette situation traduit une ambiguïté dans la volonté politique de Washington de contribuer à résoudre la crise morale de la classe politique haïtienne.
Un accès privilégié à l’information sécuritaire
Située dans une zone stratégique à proximité des institutions clés de la sécurité nationale haïtienne, l’ambassade des États-Unis dispose d’informations précises sur la localisation et les mouvements des groupes armés opérant dans la plaine du Cul-de-Sac, à Pernier, ainsi que dans les localités de Pétion-Ville et de Kenscoff.
Grâce à une couverture satellitaire fonctionnant 24 heures sur 24, l’ambassade capte des images susceptibles de protéger la vie de ses employés et des marines chargés de sécuriser les intérêts stratégiques des États-Unis dans la Caraïbe et l’Amérique latine. Par conséquent, la Police nationale d’Haïti, les Forces armées d’Haïti et la Mission de soutien à la sécurité en Haïti (MSSH) devraient disposer des informations nécessaires pour planifier des opérations visant à réprimer et stopper la progression des groupes armés.
Les fermetures d’ambassade : prudence ou indifférence ?
Les prétendues fermetures temporaires de l’ambassade américaine traduisent davantage une indifférence de Washington face à la détresse de la nation haïtienne qu’une prudence dans la gestion de la plus grande ambassade américaine dans la Caraïbe.
De plus, les ressortissants haïtiens bénéficiant du programme humanitaire de l’ancien président Joe Biden ou du TPS instauré sous Barack Obama ne trouvent pas grâce aux yeux du président Donald Trump, dont la politique migratoire à caractère raciste alimente une campagne électorale continue.
La protection mystérieuse des chefs de gangs
Le droit discrétionnaire à la protection dont jouissent les chefs de gangs, qualifiés de terroristes et recherchés contre rançon par les États-Unis, reste un mystère que la presse d’investigation nationale et internationale devrait élucider.
Car les États-Unis ont toujours maintenu les terroristes à distance, loin des côtes du Pacifique, pour les combattre et les éliminer. Quelle protection diplomatique ou consulaire pourrait-on offrir à des chefs de gangs comme Barbecue, Izo, Lanmò Sanjou ou Vitelhomme, qui ne peuvent faire d’aveux sans risquer d’être ciblés par des drones ? Ces individus devraient pourtant être jugés par la justice haïtienne pour les crimes commis contre leurs compatriotes.
Une rhétorique révélatrice d’une diplomatie de connivence
Lorsque l’ambassade des États-Unis déclare soutenir le Conseil présidentiel de transition tout en l’accusant, dans un discours feutré, de corruption et d’irresponsabilité, n’est-ce pas là une rhétorique révélatrice d’une diplomatie américaine de connivence avec des gouvernements de transition qui ne s’attaquent pas à la résolution de la crise haïtienne ?
Qui sait ? La diplomatie est souvent un jeu de secrets et de cruauté, insoupçonnable pour la morale politique de Platon ou d’Aristote. Cependant, grâce au Prince de Machiavel, nous pouvons douter des bonnes intentions des diplomates.
Qui nous révélera la vérité sur les maux qui affligent Haïti ?
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