Le dernier numéro du “Courrier Diplomatique” haïtien (juin 2025) dresse un tableau idyllique d’une Haïti engagée sur la scène internationale : sommets sur les océans à Nice, rencontres avec l’OEA, résolutions françaises sur la dette coloniale…
Pourtant, ce récit soigneusement ciselé masque une réalité brutale : l’État haïtien, miné par l’effondrement sécuritaire et l’abandon des populations, orchestre une comédie diplomatique aussi coûteuse qu’inutile.
La participation du Conseiller-Président Laurent Saint-Cyr à la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC3) à Nice est présentée comme une victoire. On y vante un « pacte pour la planète bleue » et des engagements contre la pollution plastique.
Ironie cruelle : les ports haïtiens sont contrôlés par des gangs, rendant toute politique environnementale illusoire.
Comment protéger les écosystèmes marins quand les côtes servent de
plaques tournantes au trafic d’armes
et que
l’État ne contrôle plus un seul quai ?
Le bulletin célèbre les « appuis » de l’OEA et du Mexique pour renforcer la sécurité. Pourtant, le contingent salvadorien de la MMS est paralysé par le manque de logistique.
Les mesures migratoires américaines du 5 juin (restrictions d’entrée pour les Haïtiens) révèlent le mépris des partenaires : Washington invoque la « sécurité nationale » tout en sabordant l’économie d’un pays où 60% de la population survit grâce aux transferts de la diaspora.
Le communiqué du CPT dénonçant les mesures américaines ressemble à une incantation désespérée, sans levier pour négocier.
La résolution française sur la « double dette » (1825) est symptomatique : un geste mémoriel sans compensation financière, voté par une Assemblée qui sait l’impossibilité de sa mise en œuvre.
Pendant que le CPT multiplie les voyages, les gangs étendent leur emprise à Port-au-Prince et l’Artibonite.
Les « rencontres de haut niveau » évoquées n’ont produit aucun plan crédible pour :
- désarmer les groupes armés,
- rétablir l’autorité de l’État sur les ports et routes stratégiques,
- stopper l’hémorragie humanitaire (5.5 millions de personnes en besoin d’aide).
Ce bulletin diplomatique est un exercice de schizophrénie institutionnelle. Il décrit un État fonctionnel engagé dans la gouvernance globale, alors que sur le terrain, les services publics sont inexistants et la souveraineté nationale un souvenir.
La priorité est de :
- négocier un désarmement sous supervision internationale crédible,
- conditionner l’aide étrangère à la transparence des comptes publics,
- exiger des réparations concrètes de la France, non des résolutions symboliques.
Le reste n’est que théâtre d’ombre.
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