Une proposition des États-Unis encourageant le déploiement rapide d’une force militaire internationale en Haïti est sur le point d’échouer après qu’aucun pays ne se soit porté volontaire pour fournir des troupes, ont déclaré plusieurs sources à McClatchy et au Miami Herald. Les responsables de l’administration Biden débattent de l’opportunité de supprimer la résolution américaine, qui a circulé parmi les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, à moins qu’un partenaire étranger ne se manifeste et n’offre des troupes dans les prochains jours. Ce revirement potentiel est un revers diplomatique pour la Maison Blanche, qui espérait rassembler une force étrangère armée qui serait soutenue par des équipements, une formation et un soutien logistique des États-Unis.
Mais les États-Unis n’ont jamais proposé leurs propres forces, ce qui a suscité la frustration de leurs partenaires. Plusieurs pays du Conseil de sécurité ont exigé qu’un plan concret et écrit soit préparé avant le vote de la résolution. En outre, la Russie et la Chine ont toutes deux exprimé ouvertement leurs préoccupations au Conseil de sécurité quant au déploiement de forces étrangères en Haïti. Les pays du monde entier ont jusqu’à présent rejeté la proposition. La France a écarté la perspective de fournir des troupes dès le début des discussions, et le Canada a exprimé à plusieurs reprises sa réticence à fournir des forces terrestres, bien qu’il ait envoyé par avion plusieurs véhicules blindés en Haïti ces derniers jours et qu’il ait appelé les pays à faire des dons à un fonds destiné à aider la police nationale haïtienne.
Le Brésil – concentré sur ses propres élections nationales qui se déroulent à la fin du mois – a exprimé son scepticisme, et les responsables américains se sont demandé si la CARICOM, la Communauté des Caraïbes de 15 membres dont Haïti fait partie, avait la capacité à elle seule de faire une différence significative sur le terrain. « Il n’y a pas eu de progrès dans le recrutement de partenaires volontaires », a déclaré une source familière de la question, parlant sous couvert d’anonymat pour pouvoir parler franchement. « Personne ne s’engage ». Au cours des derniers jours, le bloc régional a discuté avec des représentants canadiens et haïtiens de la demande d’Haïti pour une force de réaction rapide. Tout en examinant la demande, les membres veulent des précisions sur la composition des troupes et le mandat d’une telle force.
Le Canada est considéré comme le partenaire le plus susceptible de diriger un déploiement rapide, malgré ses hésitations. Mais le mandat d’une telle force reste flou. Les questions portent sur la taille, la durée et le risque de la mission, qui pourrait inclure la levée du siège du terminal pétrolier de Varreux ou la sécurisation d’un corridor humanitaire en protégeant la distribution de l’aide à travers le pays. Haïti traverse sa pire crise sécuritaire, économique et politique depuis des décennies. Des gangs bloquent depuis sept semaines le principal terminal pétrolier et les ports maritimes du pays. Le blocus entraîne une pénurie de carburant, de nourriture et d’eau potable dans un contexte d’épidémie de choléra. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé la communauté internationale à travailler directement avec Haïti pour organiser une force rapide qui pourrait briser l’emprise des gangs sur les ports et les routes les plus importants du pays. Le gouvernement haïtien a émis une demande similaire. La semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté à l’unanimité pour sanctionner les gangs haïtiens et ceux qui les arment et les financent. Bien que ces sanctions soient un début, le gouvernement haïtien a déclaré qu’il fallait aller plus loin. La résolution américaine conférerait à tout déploiement de réaction rapide les pouvoirs prévus au chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui autorise les troupes à recourir à la force pour le maintien de la paix.
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