L’un des plus grands défis de la prochaine Administration politique est de sauver la jeunesse haïtienne. Car celle-ci, du fait de sa condition de vie et des perspectives de réalisation et d’épanouissement personnels, est très défavorisée et désenchantée.
Les jeunes haïtiens sont et vivent dans leur temps, lequel n’est plus circonscrit à l’espace national urbain ou rural, mais à celui du monde. Alors, ils entendent et voient, à travers différents médias notamment les sociaux, ce qui existe de meilleur dans le monde.
Or, l’âge d’abondance et du bien vivre, dans des « pays-modèles étrangers », ne tombe pas du ciel. Ce sont les élites économiques, politiques et intellectuelles qui ont créé cette condition. Celles d’Haïti doivent se mettre en synergie pour faire la même chose.
Haïti est un pays très jeune. 50% de la population a moins de 20 ans. L’âge médian de la population – celui qui partage la population en deux parties égales de telle manière que 50 % se retrouvent en dessous de cet âge et 50 % au-dessus – est de 21 ans. Néanmoins cette jeunesse fait face à un problème d’éducation de qualité, à tous les niveaux, et donc de manque de qualification technique et professionnelle.
Par conséquent, les nouveaux dirigeants, tout en reconnaissant que tout est prioritaire dans notre pays, doivent mettre une bonne partie de nos maigres ressources au service de la jeunesse. Pour ce faire, ils doivent actualiser et mettre véritablement le Plan opérationnel 2010-2015, qui avait et a encore pour but de refonder le système éducatif haïtien, « seul moyen pour le développement de la nouvelle société haïtienne ».
Dans cette perspective, outre la restructuration et la réorientation de l’enseignement fondamental et secondaire, ces dirigeants doivent résoudre le problème de la formation professionnelle. Car celle-ci est d’une grande importance pour Haïti. Or, « Le sous-secteur se caractérise comme un ensemble disparate où l’offre de formation est éclatée entre plusieurs ministères sectoriels sans normes communes et sans orientations d’ensemble. Ce qui implique une duplication des programmes de formation qui alimente la confusion et la méfiance à l’égard du sous-secteur.
«HAÏTI EST UN PAYS TRÈS JEUNE, 50%
DE LA POPULATION A MOINS DE 20 ANS.»
Tout ceci résulte d’un déficit du cadre légal de gouvernance accentué par l’inexistence de mécanismes de concertation entre l’État et les partenaires sociaux et économiques. À toutes ces insuffisances s’ajoute le manque de financement chronique auquel est confronté le sous-secteur. […] » Ainsi, sous la gouverne d’un vrai technocrate, doit être mise en application la Politique nationale de formation professionnelle.
Parallèlement aux actions stratégiques purement éducatives, les dirigeants doivent élaborer une politique de population (planification familiale, lois sur l’interruption volontaire de grossesse et l’âge du mariage pouvant être avancé à 23 ou 25 ans) afin de diminuer d’abord la pression démographique qui empêche aux jeunes de trouver un emploi, la main-d’œuvre étant trop abondante, mais également pour éviter aux adolescentes la grossesse précoce qui est « sanitairement et socialement dangereuse ».
À cet égard, il faut savoir que, selon l’EMMUS-V, « 14 % des adolescentes [jeunes femmes âgées de 15-19 ans] ont déjà commencé leur vie féconde : 11 % d’entre elles ont eu au moins un enfant et 3 % sont enceintes du premier enfant. La proportion d’adolescentes ayant déjà commencé leur vie féconde augmente rapidement avec l’âge, passant de 3 % à 15 ans à 31 % à 19 ans, âge auquel 28 % des jeunes filles ont déjà eu au moins un enfant. Elle est nettement plus élevée dans les camps (26 %) qu’en milieu rural (15 %) et qu’en milieu urbain (13 %). »
En définitive, la prise en charge de la jeunesse doit être la priorité des nouveaux dirigeants. Sinon, au lieu de représenter au bonus démographique, elle en serait un malus avec toutes les conséquences économiques, sociales et politiques négatives que cela entraînera pour toute la société.
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