Entre moment de causerie, de partage, d’échanges, Stéphanie Saint Jean, experte en aménagement touristique, évoque son amour et son désir fou pour le tourisme, particulièrement l’agrotourisme en Haïti.
Ayant vu le jour à Port-au-Prince, Stéphanie Saint Jean est âgée de 26 ans. Après ses études classiques, elle a intégré l’IERAH/ISERSS, une entité de l’Université d’État d’Haïti, pour faire des études en patrimoine et tourisme. Au cours de ces quatre ans d’études, cette discipline est devenue sa passion, ou encore une partie d’elle. Après avoir décroché sa licence en 2016, elle voulait à tout prix poursuivre des études de master en tourisme.
Finalement, Stéphanie a effectué une maîtrise en aménagement du territoire et gestion des collectivités à l’Institut des hautes études commerciales et économiques (IHECE). Au final, elle a commencé à un faire le lien entre l’aménagement et le tourisme et regarder comment sont traités les patrimoines dans les plans d’aménagements.
En 2019, grâce à une opportunité de bourses de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) pour l’Établissement spécialisé pour l’administration et le management (ESFAM) à Bulgarie, en partenariat avec plusieurs universités françaises et belges, elle a obtenu un diplôme en Management des PME et territoires touristique de l’Université de Corse Pasquale Paoli. Pour boucler cette formation, la native de Port-au-Prince a réalisé un stage comme chargée de développement du tourisme avant de retourner en Haïti en 2020. Voici comment son désir pour le développement du tourisme particulièrement l’agrotourisme pour Haïti a pris naissance. Aujourd’hui, elle est responsable de programme et évènement à Sco Tour Haïti, une institution touristique, qui fait la promotion du tourisme local dans le milieu scolaire.
« Ce qui m’a poussé vers le tourisme, c’est que je cherchais un métier ayant rapport au voyage. Avant, je voulais devenir hôtesse de l’air, mais ça m’a paru un peu compliqué. En 2012, après mes études classiques, ma grande sœur m’a encouragé à intégrer l’IERAH/ ISERSS qui avait une discipline sur le tourisme et le patrimoine. Je voyais déjà ma vie autour des voyages. Au fur et à mesure, il est devenu une partie de moi. Le tourisme représente plus qu’un simple métier que j’exerce, c’est une passion», déclare-t-elle.
Stéphanie Saint Jean adore les voyages découvertes, en somme l’aventure. Elle profite de ces heures libres, en visualisant des documentaires, ou en écoutant de la musique, ou en faisant la lecture sur les actualités qu’elle reçoit à travers Google Alerts sur le tourisme. «C’étaient mes visites à la campagne, soit avec la famille, ou des retraites avec mon église, qui m’ont permis de découvrir de nombreux endroits merveilleux de mon pays, confie-t-elle, ajoutant que le tourisme procure un bien-être fou. C’est un moment d’échapper au stress quotidien, un moment de vivre des sensations fortes ou de se reconnecter avec la nature et de vivre de nouvelle expérience. Il est l’un des facteurs de développement d’un pays et très bénéfique pour l’économie en générale. »
À cause de la pandémie COVID-19, le monde touristique fait face à d’énormes difficultés. Et pour éviter plus de propagation des pays interdisent toutes sortes d’activités et de voyages. Haïti entre l’instabilité sociopolitique et la situation sanitaire, l’activité touristique est sévèrement touchée. Stéphanie Saint Jean, responsable programme et événement à Sco Tour Haïti, réagit : « Il y a un mois environ, nous étions contents de n’avoir pas été trop touchés par le coronavirus. On pensait même que c’était un point fort pour vendre l’image d’Haïti, mais dommage maintenant la situation est chaotique. Mis à part de l’insécurité et la recrudescence de la pandémie, le développement du tourisme en Haïti réclame beaucoup d’efforts en matière de stratégie ou de politique publique», poursuit-elle tout en soulignant que le tourisme n’est pas une priorité pour les autorités haïtiennes.
Selon l’ancienne étudiante à IERAH / ISERSS, il faut miser sur une différente forme de tourisme qui serait adaptée au territoire. Par ailleurs, il convient d’encourager un tourisme local. « Ce que je pourrai ajouter prioriser un tourisme événementiel (Carnaval, rara, fête champêtre, etc.), mettre l’accent des formes de tourisme ayant rapport au balnéaire, l’histoire et l’agriculture »
Pour changer la perception du tourisme en Haïti, il faut une intervention au niveau national en commençant par faire de ce secteur une grande priorité nationale. Ensuite, une bonne stratégie de marketing et de communication. « Les problèmes de ce secteur sont réels, mais on peut limiter ces impacts en vendant une image positive avec les ensembles de patrimoine naturel et culturel que nous avons, les sites, etc.», explique-t-elle.
« J’encourage fortement de visiter nos divers sites du pays (tourisme local). Parce qu’il y a un ensemble de patrimoines naturels et culturels matériels et immatériels, donc prenez vos vacances et partez à la découverte d’un nouvel horizon. Pour les étrangers, on a une culture riche et variée, car chacun de nos départements ont des particularités différentes. Ne limitez pas Haïti seulement à Port-au-Prince. Les zones rurales peuvent procurer une tranquillité », encourage-t-elle en invitant les Haïtiens à faire du tourisme local.
Du haut de ses 26 ans, Stéphanie Saint Jean a de grands rêves pour le tourisme en Haïti. Actuellement, elle travaille sur son projet « Agrotourisme », qui est un mélange du tourisme et de l’agriculture. Elle veut aborder ces problèmes sur différents aspects afin de trouver des solutions adéquates. Par rapport à cela, elle croit que l’agrotourisme peut aider les deux secteurs à se développer et sortir gagnant-gagnant.
Selon elle, l’agrotourisme peut contribuer à la stabilité de l’économie haïtienne en accord avec les agriculteurs et les fermes agricoles, mais il faut qu’il y ait un intérêt manifeste sur le territoire à travers ces deux secteurs, sans oublier les difficultés auxquelles confronte le secteur agricole, en particulier. Bien sûr, il y a des risques, mais il faut mettre à la disposition des moyens adéquats les permettant de contourner les défis et résister face aux obstacles. Je crois que cette forme de tourisme va révolutionner le milieu agricole, parce qu’il concerne les deux secteurs tourisme et l’agriculture», propose l’ancienne boursière de l’AUF pour ESFAM (établissement spécialisé pour l’administration et le ménagement) en Bulgarie.
Elle rêve de participer à l’aménagement touristique de tous les sites en Haïti, afin de pouvoir les rendre accessibles à tous. « Nous sommes au 21e siècle, et Haïti a plein de potentialités en voie de disparition. Il est de la responsabilité des professionnels en tourismes de sauver ce qu’il nous reste». Son plus grand rêve, c’est de voir Haïti parmi les 5 destinations de prédilection à visiter dans la Caraïbe. «Je suis motivée par l’idée que sous peu notre cher Haïti reprendra sa place sur la carte mondiale en matière de développement et que le secteur touristique sera l’un des principaux atouts», conclut-elle.
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