Un pouvoir historique dans l’ombre
Depuis Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer, la bourgeoisie mulâtre et compradore domine le pouvoir étatique en Haïti.
Face à la révolte de Praslin qui exigeait un Noir au pouvoir et des terres pour les paysans elle a perfectionné ses stratégies :
- Politique de doublure
- Manipulation des masses
- Instrumentalisation des diplomates étrangers
- Collusion avec les occupants américains (1915-1934)
Elle est ainsi restée dans l’ombre, évitant toute responsabilité dans les crises économiques et morales qui ont déchiré la nation.
Une bourgeoisie défiée, mais ambitieuse
La victoire de François Duvalier face à Louis Déjoie a ébranlé cette classe, confrontée à une nouvelle élite noire détenant des richesses productives.
Le coup d’État contre Jean-Bertrand Aristide, élu en 1991, a trahi leur volonté de préserver un pouvoir exclusif. Leur ambition s’est affirmée avec le groupe des 184, puis avec les candidatures de Charles Henri Baker et Samir Mourra en 2006.
Fini les coulisses : la bourgeoisie veut les projecteurs du pouvoir. La présence de Laurent Saint-Cyr au conseil présidentiel de transition n’est pas un coup d’amateur, mais un coup de maître.
Sur cet échiquier, les gangs, pions des classes populaires, seront bientôt sacrifiés dans une partie où l’international et la bourgeoisie d’affaires s’affrontent. Mais pour quoi faire, et avec quelle vision ?
Laurent Saint-Cyr : un leadership à l’épreuve
Dans son discours d’investiture, Laurent Saint-Cyr s’engage avec force pour une gouvernance légitime. Éradiquer les gangs est une priorité pour résoudre la crise politique, institutionnelle et historique.
Mais éliminer ces pions ne suffit pas. Il faut neutraliser les pièces maîtresses : les élites politiques et économiques, protégées par une impunité endémique, malgré les sanctions internationales. Saint-Cyr saura-t-il relever ce défi ?
La bourgeoisie dans une démocratie : un équilibre délicat
Dans une démocratie, l’État doit collaborer avec les entrepreneurs privés, sources de biens, de services et de recettes fiscales. Cette classe, créatrice de valeurs culturelles et symboliques, façonne l’histoire de la société.
Mais le pouvoir ne doit pas se soumettre à son emprise. À l’inverse, la bourgeoisie doit respecter la gouvernance étatique pour assurer la prospérité et le prestige de ses entreprises, sans instaurer un apartheid social.
Trop souvent, elle a parasité l’État au détriment de la nation. Cette prédation doit cesser.
Un nouveau contrat social pour Haïti ?
Laurent Saint-Cyr, représentant des affaires, doit s’inspirer de Jean Price-Mars, qui exhortait les élites sous l’occupation américaine à adopter un rôle vocationnel.
Sans verbomanie ni bovarysme, la bourgeoisie doit rompre avec ses pratiques honteuses. La méfiance qu’elle inspire doit laisser place à la confiance, à un dialogue national et à un contrat social salutaire.
Saint-Cyr peut-il porter cette vision au sein du conseil présidentiel de transition ?
La nation haïtienne sera-t-elle surprise par la fin d’une tradition de parasitisme, portée par une classe pourtant essentielle au développement socioéconomique et culturel d’Haïti ?
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