L’échec de la diplomatie haïtienne a un impact néfaste sur l’évolution socioéconomique du pays. Et les tentatives de réforme ne vont pas toujours dans le sens du changement de la vision qui traverse l’agenda des diplomates en mission. Certes, il faut définir les compétences des candidats des missions diplomatiques, élaborer un budget significatif pour l’entretien des bureaux, les charges de fonctionnement, le renseignement, l’accompagnement des ressortissants, et les salaires des ambassadeurs, des consuls et des personnels administratifs. Tout cela est nécessaire pour maintenir un bon protocole, éviter les faits de corruption, créer une image positive pour le pays et garantir le prestige des diplomates haïtiens. Mais l’agenda des représentants diplomatiques doit être aussi une priorité constante des gouvernements haïtiens qui se succèdent à la tête de l’État. Il s’agit de définir des intérêts économiques, culturels et politiques qui traduisent une vision nationale et favorisent un développement intégral du pays.
À cet égard, promouvoir une diplomatie de coopération culturelle est une urgence pour former une génération de scientifiques et de techniciens et mettre en place des infrastructures industrielles pour le développement sectoriel du pays.
Dans cette perspective, dix grands secteurs doivent être pris en compte : agriculture, foresterie, aéronautique, télécommunication, mécanique industrielle, industries maritimes, électronique et informatique, aménagement territorial, métallurgie, armée et police. Le ministère des Affaires étrangères, en concertation avec les ministères de la Planification, de l’Intérieur et de l’Environnement, doit planifier l’agenda des missions diplomatiques en fonction de ces priorités. Les crises politiques conjoncturelles ne devraient pas être un obstacle à cette vision de réforme.
Cela suppose la constitution d’une véritable bureaucratie étatique compétente, capable de transformer les ministères publics en industries de politiques publiques. Mais cela implique aussi des pratiques de citoyenneté et de patriotisme contraires à la culture de corruption qui mine l’État haïtien.
Il ne s’agit pas seulement de recourir à des experts étrangers, même si cette solution peut servir à court terme. L’objectif prioritaire doit être la formation de jeunes scientifiques et techniciens grâce à des bourses d’études négociées par les ambassadeurs. La mise en place d’un programme de 50 000 bourses, réparties sur 25 ans, donnerait une dimension structurelle à cette diplomatie culturelle. Une loi votée par le Parlement viendrait ancrer cette vision dans une continuité étatique, au-delà des alternances politiques.
Certaines bourses pourraient être financées par la conversion de l’aide bilatérale ou multilatérale, souvent détournée par la corruption. Mais une autre option viable reste l’exploitation contrôlée des ressources minières d’Haïti, encadrée par des contrats transparents. Ainsi, la diplomatie haïtienne doit défendre les intérêts nationaux contre toute velléité de pillage, diversifier les partenaires et prioriser les pays respectueux de la souveraineté haïtienne.
En somme, seule une réforme de l’agenda diplomatique permettra de renforcer le personnel diplomatique et de redonner sens à la politique extérieure d’Haïti. Sans une vision claire de coopération culturelle, le pays restera dépendant de l’expertise étrangère et de l’aide internationale, sans parvenir à un développement inclusif et durable pour toute la société haïtienne.
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