Le cri d’alarme lancé par le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) ne saurait rester inaudible. Les expulsions massives de migrants haïtiens par la République dominicaine, atteignant près de 100 000 personnes chaque semaine, soulèvent des questions cruciales sur la dignité humaine et le respect des droits fondamentaux. Ce phénomène, qui s’inscrit dans un contexte de discrimination systématique, ne fait pas qu’aggraver une crise humanitaire déjà désastreuse, il met également en lumière l’inaction préoccupante de la diplomatie haïtienne.
Les rapports d’arrestations arbitraires, de confiscations de biens, de destructions de documents d’identité et de violences physiques, y compris des viols, révèlent l’horreur d’une réalité que de nombreux Haïtiens sont contraints de vivre. En retour au pays, ces migrants ne retrouvent pas seulement un territoire dévasté par des années de crises politiques et économiques, mais font également face à une insécurité croissante. La situation est devenue intenable, tant pour les rapatriés que pour les citoyens restés sur place.
Il est impératif de se questionner sur les mécanismes de réponse de la diplomatie haïtienne. Pourquoi, alors que la situation se détériore, les autorités semblent-elles si peu mobilisées ? La nécessité d’un dialogue constructif entre Haïti et la République dominicaine est plus pressante que jamais. Pourtant, les actes concrets font défaut. La communauté internationale doit être sensibilisée à cette crise, mais cela ne devrait pas être uniquement à la charge des organisations non gouvernementales comme le GARR.
Le projet de reportage audiovisuel prévu par le GARR sur les conditions de vie des rapatriés à Ouanaminthe et Belladère est une initiative louable, mais elle ne doit pas remplacer l’intervention active des autorités haïtiennes. La mobilisation internationale est essentielle, mais elle doit également s’accompagner d’une volonté politique forte de dialoguer et de défendre les droits des migrants haïtiens.
La diplomatie haïtienne doit sortir de son silence et agir. Les expulsions massives des Haïtiens ne doivent pas devenir une fatalité. Il est temps de revendiquer une stratégie claire et déterminée, visant à protéger les droits des citoyens haïtiens, où qu’ils se trouvent, et à restaurer leur dignité face à une réalité dévastatrice. Les mots doivent céder la place aux actes, sans quoi les souffrances de milliers de migrants resteront à jamais invisibles.
Commentaires