Une nouvelle semaine s’ouvre sur Port-au-Prince. Les mêmes inquiétudes persistent. Personne n’est en mesure d’apporter les réponses qu’il faut. Même le Premier ministre, Ariel Henry. Lui, toujours calme en donnant l’impression que tout va bien surtout après avoir obtenu gain de cause et, en convaincant une frange de l’opposition à signer « l’accord pour une gouvernance apaisée pour la période intérimaire ». Et ca s’arrête là. Même un mois après.
Entre temps, quelqu’un semble, cette fois, avoir pressé fort, très fort, la manette de l’insécurité. En moins de 24 heures, dix personnes ont été enlevées à travers les rues de la ville. Le dernier cas en date, remonte au dimanche 26 septembre, à la première église Baptiste de Port-au-Prince, où des bandits armés investissent, sans gêne et sans scrupule, un lieu de culte, abattent le diacre, Sylner Lafaille et emportent la femme de ce dernier, témoin oculaire du drame.
Dans son discours, à la tribune des Nations-Unis, lors du 76e Assemblée Générale de l’ONU, le samedi 26 septembre, le Premier ministre, Ariel Henry, avoue rester accroché à son accord et s’est réjouis du fait que des « acteurs majeurs de la classe politique, de nombreuses organisations populaires et de la société civile de tendances diverses » l’ont fièrement signé. Un grand pas pour le chef du gouvernement. Qu’en est-il pour le reste de la population qui subit du matin au soir les exactions des bandes armées semant deuil et désolation à longueur de journée ? Qu’en est-il pour la population qui subit au quotidien l’insécurité sous toutes ses formes : insécurité alimentaire et sanitaire, pénurie de carburant, une réouverture des classes disloquées, une presqu’île du sud qui peine à se relever après le séisme du 14 Août dernier, un dollars ayant atteint la barre des 110 gourdes même si la Banque de la République d’Haïti fixe le taux référentiel.
L’accord du Premier ministre, publié dans le moniteur, le journal officiel de la République, prévoit la « création d’un environnement sécuritaire pouvant favoriser une large participation des citoyens aux prochaines élections ; met en place un mécanisme obligeant le gouvernement à être transparent et à rendre compte ; franchis une étape importante dans le processus de rétablissement de l’Etat de droit et des institutions démocratiques. C’est bon coup. Dans le concret, qu’est-ce que cela donne comme résultat ?
Les retombées positives peine à être effectives. Les autorités n’arrivent pas encore à freiner la machine de l’insécurité. Les gangs armés continuent de créer un climat d’instabilité dans les régions métropolitaines de Port-au-Prince et dans les zones avoisinantes ? Quelles sont les dispositions prises pour stopper les cas d’enlèvement devenus monnaie courante dans la cité ? Combien de temps encore faudrait-il pour que la population puisse circuler librement et vaquer calmement à ses occupations ? Faut-il attendre un soulèvement général du peuple haïtien ? Faut-il attendre une intervention militaire pour mettre les points sur les I ? Faut-il donner raison au feu bâtonnier de l’ordre des avocats qui eut à dire que Haïti n’est ni dirigé ni administré ? Combien de cas de kidnapping faudrait-il encore pour que le peuple haïtien dise, à l’instar du pape Jean Paul II, en 1983, il faut que quelque chose change. ?
Les autres pays du globe paraissent plus préoccupés par la situation d’Haïti que les haïtiens eux mêmes. Le sénateur Jacques Sauveur Jean disait, un jour, dans la rubrique le point sur métropole : Moi, je vois plus de mal que de peur sur le visage des haïtiens que je rencontre au quotidien. Le mal est omniprésent. Le Président dominicain, Luis Abinadel, cité par le journal Listen Dario, affirme que le cas d’Haïti doit préoccuper tous les pays de l’hémisphère. Ce n’est, semble-t-il, pas le cas pour les autorités nationales. La situation des migrants haïtiens sur la frontière des Etats-Unis et du Mexique est un autre coup de massue sur la tête des membres du gouvernement qui n’ont rien déploré jusqu’à date. Nous sommes arrivés à un carrefour où les choses deviennent trop faciles tant pour les gouvernants que pour les gangs armés. Les victimes ont peur de mourir. Elles n’osent pas tracer l’Exemple. On est enfin arrivé au stade des « canards sauvages ». Ils sont dans la ville. Abattez-les !
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