En Haïti, les figures politiques se succèdent, les espoirs se lèvent, puis retombent. Dans ce cycle perpétuel de déception, le nom de Fritz Alphonse Jean s’impose aujourd’hui comme un symbole de l’échec politique national. Ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), Fritz Jean était pourtant présenté comme un technocrate compétent, un homme de dossier. Mais entre théorie économique et réalité politique, le gouffre s’est avéré immense. Trois mois depuis qu’il est à la tête du Conseil présidentiel de transition, son échec est cuisant.
En effet, dès son investiture le 7 mars 2025, Fritz Alphonse Jean a qualifié la situation sécuritaire du pays de « guerre », annonçant un « budget de guerre » pour mobiliser les ressources nécessaires. Il a promis le recrutement de 3 000 policiers et militaires supplémentaires, ainsi que l’activation de l’Agence nationale de renseignement pour améliorer la coordination des forces de sécurité.
Lorsqu’il fut désigné président de la transition par l’accord de Montana en 2022, beaucoup y virent un nouveau départ. Il incarnait, du moins en apparence, l’alternative aux figures traditionnelles et corrompues du système. Pourtant, au fil des mois, ce projet a sombré dans l’inaction, l’isolement diplomatique et l’irréalisme stratégique. Le consensus national, essentiel dans un contexte aussi fragmenté, ne s’est jamais matérialisé.
Fritz Jean a échoué non seulement à rassembler les forces vives du pays, mais aussi à incarner une direction claire. Enfermé dans des considérations académiques, coupé des masses et distant face aux réalités quotidiennes, il est resté prisonnier d’une posture d’intellectuel, incapable de se transformer en véritable homme d’État. Son échec est celui de toute une élite haïtienne qui confond souvent compétence théorique avec leadership politique. En définitive, Fritz Alphonse Jean n’a pas trahi ses idées : il n’a tout simplement pas su les mettre en œuvre.
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