Le 12 juin 2025 marque les 30 ans de la Police nationale d’Haïti (PNH). Trois décennies d’existence, mais aussi trois décennies de crises, de combats et de contradictions. Loin d’être une célébration triomphale, cet anniversaire a plutôt l’allure d’un constat d’échec et d’abandon.
Créée en 1995 pour remplacer l’armée démantelée et instaurer une force civile professionnelle, la PNH devait incarner la sécurité d’un État démocratique en devenir. Trente ans plus tard, elle est elle-même assiégée : par les gangs, par le sous-équipement, par l’absence de leadership politique, et surtout, par la perte de confiance du peuple.
Les policiers tombent les uns après les autres, dans l’indifférence. Leurs commissariats sont incendiés, leurs quartiers attaqués. Les zones sous contrôle de l’État se réduisent, pendant que des groupes armés étendent leur emprise. À Port-au-Prince comme en province, la population vit dans la peur, sans protection réelle.
Pire encore, cette commémoration survient alors que les agents réclament des moyens, une meilleure formation, une reconnaissance digne. Au lieu de festivités, ce sont les appels à l’aide, les revendications syndicales, et les enterrements de collègues qui rythment le quotidien de la PNH.
Trente ans d’existence, mais pas trente ans de progrès. La PNH mérite mieux que des slogans et des discours. Elle mérite une refondation profonde, un engagement réel de l’État, et surtout, le respect d’une nation qui ne peut espérer paix ni stabilité sans une force de sécurité digne de ce nom.
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