Une ironie tragique entoure aujourd’hui M. Nesmy Manigat, l’ancien ministre de l’Éducation, érigé en symbole d’un échec absolu. Les accusations qui pleuvent sur lui ne sont pas anodines. Son passage à la tête de l’Éducation nationale s’apparente à une période de déclin accéléré : infrastructures scolaires en ruine, enseignants abandonnés sans ressources ni formation adéquate, qualité de l’enseignement en chute libre.
Ses promesses de réforme, pourtant claironnées, se sont évaporées, laissant une génération de jeunes Haïtiens face à un désert éducatif où l’accès à un savoir digne de ce nom demeure un privilège inabordable. L’avenir même de la nation, intrinsèquement lié à l’éducation, s’est assombri sous sa garde.
Pourtant, ce n’est pas sur ce champ de ruines que M. Manigat concentre ses efforts aujourd’hui. Face aux critiques légitimes – gestion opaque des fonds publics, absence de vision, responsabilité dans l’aggravation de la crise – l’ancien ministre aurait opté pour une stratégie éloquente : le contrôle médiatique.
Investir massivement dans les médias locaux servirait, selon lui, à laver son image, à étouffer les voix critiques, à maîtriser le récit public.
Une manœuvre doublement insoutenable.
Premièrement, elle témoigne d’un mépris flagrant pour le peuple haïtien. Alors que des générations paient le prix de décennies de négligence éducative, que les salles de classe croulent sous le poids du dénuement, voilà que des fonds qui auraient pu soulager l’urgence éducative seraient détournés vers une campagne d’autopromotion et de manipulation de l’opinion.
Deuxièmement, cette tentative de réécriture médiatique incarne un mal profond qui ronge Haïti : l’impunité systémique et le refus de rendre des comptes. Plutôt que d’assumer ses échecs, l’ancien ministre emprunterait la voie trop fréquente des élites : contourner l’obligation de transparence par l’influence et la communication.
Un système de l’évitement où l’on préfère soigner sa réputation dans les médias. Cette réhabilitation par les ondes et les colonnes de presse est pourtant vouée à l’échec face à la réalité tangible.
L’éducation haïtienne reste en lambeaux. Les enfants sont privés de leur droit fondamental. Aucune campagne de communication, si sophistiquée soit-elle, ne saurait effacer ce bilan ou combler le fossé creusé par des années d’échecs.
En choisissant apparemment le contournement médiatique plutôt que la reddition de comptes, M. Manigat ne fait que confirmer l’abysse séparant certaines élites des besoins criants de la population. L’histoire jugera. Elle jugera ceux qui, ayant eu la charge sacrée de l’éducation, ont détourné le regard. Elle jugera plus sévèrement encore ceux qui, après avoir failli, tentent de falsifier la mémoire collective.
Discussion about this post