Interdit d’atterrir aux Etats-Unis, André Michel change son itinéraire vers le Palais National
Port-au-Prince, juillet 2025 – Le timing est presque parfait. Moins de 48 heures après que l’administration Trump a publié une liste noire de politiciens haïtiens indésirables sur le sol américain, Me André Michel, visiblement peu ébranlé par l’humiliation diplomatique, prend la parole… non pas pour se défendre, mais pour annoncer, avec l’aplomb d’un prophète ressuscité, sa candidature à la présidence de la République d’Haïti.
« Nou pa nan dyalog ak gang ! », tonne-t-il sur X.
Après avoir récolté à peine 0,9 % des voix à la dernière présidentielle de 2015, l’ancien candidat promet cette fois une renaissance nationale.
Il promet sécurité, souveraineté, et cerise sur le gâteau, l’éradication des gangs armés. Oui, les mêmes gangs dont la montée en puissance s’est produite sous les yeux bienveillants de ceux qui, comme lui, occupaient les plateaux télé et les rues au nom de la démocratie populaire.
L’avocat du peuple devenu l’homme fort ?
Ironie du sort : celui qui, pendant des années, a dénoncé les persécutions politiques et la répression, se retrouve aujourd’hui épinglé par l’allié stratégique le plus puissant d’Haïti, les États-Unis, pour des motifs non officiellement précisés, mais certaines sources diplomatiques américaines rattachent à des accusations de corruption et de complaisance envers les groupes armés.
Et comme s’il suivait un scénario bien huilé, il transforme cette gifle diplomatique en tremplin politique. Un classique. En Haïti, plus vous êtes soupçonné, plus vous êtes éligible.
Réseaux sociaux : entre fous rires et menaces de mort
Sa déclaration présidentielle n’a pas mis longtemps à faire réagir. Sur les réseaux sociaux, les moqueries pleuvent comme des projectiles dans un quartier contrôlé par les gangs :
- « Me Michel va-t-il négocier sa sécurité avec ces même gangs qu’il dit vouloir éliminer ? »
- « Un pompier pyromane candidat président ! »
- « Li ta dwe kandida nan lanfè, pa nan eleksyon ! »
Certains messages, plus sombres, vont jusqu’à contenir des menaces de mort. Preuve que le personnage, loin de faire l’unanimité, cristallise colère, rancune… et lassitude.
Analyse d’une stratégie politique classique
L’histoire haïtienne moderne est coutumière de ces “rebondissements”. Vous êtes accusé de compromission ? Criez à la persécution impérialiste. Vous êtes mis sur une liste noire ? Répondez avec une annonce présidentielle. Vous êtes responsable de l’échec d’un mouvement ? Blâmez les autres et lancez un nouveau parti. Ainsi tourne le manège.
Mais au-delà de la farce, c’est un véritable drame national qui se joue : celui d’un peuple pris en otage entre des gangs armés dans les rues et une classe politique qui, au mieux, ferme les yeux ; au pire, en tire profit.
Et pendant ce temps…
Pendant ce temps, les écoles ferment, les familles fuient, les cadavres jonchent les rues de Carrefour Feuilles ou de Solino, et les dirigeants, eux, se battent pour savoir qui occupera le fauteuil présidentiel pendant que le pays brûle.
Alors non, Me André Michel, ce n’est pas avec des slogans que vous convaincrez une nation brisée.
Ce n’est pas avec des promesses recyclées qu’on efface un passé trouble.
Le peuple haïtien mérite mieux que des ambitions recyclées. Il mérite la justice, pas la mise en scène.
Il mérite un président, pas un prestidigitateur.
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