Cap-Haïtien à la Dérive
Cap-Haïtien, autrefois fière de son histoire et de sa beauté, se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Les défis auxquels elle fait face sont nombreux et préoccupants. Cap-Haïtien, jadis surnommée « la Perle du Nord », est aujourd’hui à la croisée des chemins, tiraillée entre la nostalgie d’un passé glorieux et une réalité de plus en plus alarmante. Les dégradations sanitaires, environnementales, et hygiéniques ne cessent d’aggraver la situation, tandis que le manque d’aménagement, le chaos démographique et l’insalubrité généralisée plongent la population dans une détresse profonde, accentuée chaque fois que la pluie tombe. Chaque pluie, chaque montée des eaux, chaque déchet abandonné dans les rues devient un rappel amer de l’abandon dont elle souffre. La ville est sans électricité depuis cinq ans, un état d’urgence qui laisse les habitants dans une obscurité à la fois réelle et symbolique.
Sur le plan démographique, Cap-Haïtien est devenu une ville refuge pour les déplacés et les personnes sans autre alternative de mobilité. L’insécurité croissante dans d’autres régions pousse de nombreux Haïtiens à chercher refuge ici, mais l’absence de contrôles et de moyens d’accueil adéquats ne fait qu’ajouter à la dégradation urbaine et sociale. La ville s’étouffe sous cette pression démographique, face à laquelle l’administration communale, dirigée par Yverose Pierre et Patrick Almonor, tente de réagir. Mais malgré leurs efforts, les moyens manquent cruellement. Les ressources allouées sont bien trop faibles pour affronter les défis d’une ville qui croule sous le poids de ses problèmes.
Une ville en déclin sanitaire et environnemental
Les rues de Cap-Haïtien sont aujourd’hui submergées de détritus, avec des canaux bouchés et des systèmes d’égouts vétustes qui aggravent les inondations à chaque averse. La gestion des déchets est quasi inexistante, transformant la ville en une zone insalubre où prolifèrent maladies et nuisances. L’absence d’un plan d’assainissement efficace et le manque de traitement des eaux usées menacent non seulement la santé publique, mais aussi les écosystèmes locaux.
Des autorités absentes et des élites silencieuses
Face à cette situation, les autorités municipales semblent démissionnaires. Leurs actions sporadiques et leur incapacité à engager des réformes structurelles laissent la population livrée à elle-même. De leur côté, les élites économiques et sociales, pourtant bénéficiaires de cette ville autrefois prospère, préfèrent détourner le regard, ignorant leur responsabilité civique. L’indifférence générale des décideurs reflète une absence de vision à long terme, privant Cap-Haïtien d’une chance de redressement durable.
L’État central a une responsabilité directe et urgente dans cette crise. Les recettes générées par des institutions telles que l’AAN (Autorité Aéroportuaire Nationale), l’APN (Autorité Portuaire Nationale), Labadie, et la DGI (Direction Générale des Impôts) devraient être redistribuées de manière équitable pour permettre à Cap-Haïtien de bénéficier de ses propres richesses. Il est temps que ces ressources reviennent dans la ville pour impulser un nouveau souffle de développement et soutenir des projets d’infrastructure indispensables à la survie de la commune.
D’un point de vue social et culturel, Cap-Haïtien est victime d’une fausse perception. Trop souvent, l’attention et les efforts se concentrent uniquement sur le Boulevard – Carrenage, tandis que des quartiers entiers — tels que Cité Chauvel, Champin, Madeline, Vaudreuil, Sainte Philomène, Conasa, Bande du Nord, Blue Hill, Zo Vincent, Anba Ravine , Nan Monte Pa Desan.n , San Rezon , Cite Lescot , La Fossette , Bande du Nord , Haut du Cap , Charrier , Vertieres et Labori — sont ignorés et laissés pour compte. Cette marginalisation de quartiers qui font pourtant partie intégrante de la ville accentue l’exclusion sociale et prive des milliers de citoyens de services de base et d’une réelle intégration à la vie urbaine.
Une population à bout de souffle
Les Capois, quant à eux, vivent dans l’angoisse permanente. Chaque pluie transforme les quartiers populaires en champs de bataille où les maisons sont inondées et les rues deviennent impraticables. La détérioration des infrastructures de base (routes, ponts, réseaux d’eau) renforce un sentiment d’abandon chez les habitants. La survie quotidienne devient un défi et l’espoir d’un avenir meilleur s’éloigne un peu plus chaque jour.
Cap-Haïtien : Entre Histoire et Renaissance Possible
Malgré ce tableau sombre, Cap-Haïtien reste une ville porteuse d’une histoire et d’une identité unique. Son architecture coloniale, son riche patrimoine culturel et sa position stratégique au nord du pays en font une cité aux atouts incomparables. Mais pour retrouver sa grandeur d’antan, elle doit impérativement se tourner vers un développement durable, qui combine préservation de son patrimoine et modernisation de ses infrastructures.
Un appel à la mobilisation collective
Le salut de Cap-Haïtien dépend de la mobilisation de tous : autorités locales, secteur privé, organisations de la société civile et citoyens ordinaires. Il est urgent d’investir dans l’aménagement du territoire, la gestion des déchets, la modernisation des infrastructures et la sensibilisation environnementale. Ce n’est qu’en conjuguant efforts et responsabilités que la ville pourra se relever et offrir aux générations futures un cadre de vie digne.
Cap-Haïtien ne doit pas rester prisonnière de l’inaction. Il est encore temps d’agir pour réinventer la ville, en faire une cité moderne et accueillante, à la hauteur de son passé glorieux. Mais cela nécessite courage et engagement de tous. Pour les Capois, l’espoir d’un avenir meilleur repose sur une seule conviction : le développement durable ne peut se faire qu’en harmonie avec leur histoire et leur identité.
Cap-Haïtien est un symbole de la splendeur d’un passé glorieux, mais également des luttes d’un présent tourmenté. Pour les Capois, l’espoir d’un avenir meilleur repose sur la capacité de la ville à se réinventer et à conjuguer développement durable et préservation de son identité unique. Ce moment de crise doit être l’occasion d’un sursaut collectif, d’une prise de conscience pour que cette ville historique ne devienne pas une simple ombre de ce qu’elle fut.
En appelant l’État central et les élites locales à prendre leurs responsabilités, cet article se veut une alerte, un appel au secours pour une ville qui mérite plus que l’abandon et l’oubli. Si des mesures rapides et efficaces ne sont pas prises, Cap-Haïtien continuera à sombrer dans un cycle de dégradation et de désespoir. Il est temps d’agir pour préserver et revitaliser cette ville, pour qu’elle puisse enfin concilier sa splendeur passée avec un avenir porteur de promesses pour tous ses habitants.
Il est temps d’écouter cet appel au secours. Cap-Haïtien doit revivre.
Patrick Alexis
Citoyen Engage
Capois Authentique
MOUN9
Discussion about this post