Aujourd’hui plus qu’hier, la faillite de l’Etat haïtien est devenue plus évidente, voire plus palpable. Tout porte à croire qu’au prochain carrefour nous attend, impatient, l’effondrement. Avouons-le : nous sommes incapables d’assurer la gouvernabilité de notre propre pays. Du coup, notre destin de peuple nous échappe. En effet, pour avoir trop longtemps « agi » seuls et suivant nos petits intérêts propres, voilà qu’aujourd’hui nous périssons « en commun ». Pour avoir délibérément ignoré que la démocratie engage l’homme en général et doit être exprimée par chaque membre de la communauté politique, nous voilà aujourd’hui empêtrés dans la dégradante logique individualiste du sauve qui peut. Pour avoir péché contre l’« esprit de la démocratie » dès le départ, nous voilà aujourd’hui face à des gangs armés qui nous tuent, qui nous volent, qui nous violent, qui nous kidnappent, qui incendient nos maisons et prennent notre vie en otage. Nous ressemblons à tout, sauf à l’Haïtien fier, grand et passeur de la Liberté, tel que défini et voulu par les Héros de notre Indépendance.
Dieu seul sait par quel tour de magie sommes-nous parvenus à faire d’une République porteuse de valeurs humanistes universelles, un chaos dépassant l’enfer en furies. Par une certaine ruse de la raison bêtement démocratique, le laxisme, l’indécence, le laisser-aller et le désordre ont fini par s’instaurer en Haïti. Aujourd’hui, tout se vaut. Donc, rien ne vaut rien. Au sommet comme au plus bas de l’échelle sociale, le constat est d’autant plus alarmant que même le dernier des optimistes donne finalement libre cours au doute. D’ailleurs, peut-on rêver dans un cimetière ?
À l’heure où les balles parlent plus fortes que les autorités en mode silencieux, les élites haïtiennes d’ici et d’ailleurs (universités, économiques, politiques, culturelles…) se doivent de sortir de leur silence absolu. Face aux artisans du chaos, les Consciences éveillées, parce qu’il en existe encore, doivent s’élever pour réapprendre, disons mieux, apprendre au peuple à vivre vraiment en démocratie. Aujourd’hui plus que jamais, un seul et même Idéal doit réunir et unir les forces vives de ce qui reste de notre nation écartelée : Sortir Haïti du chaos ! Puisque l’Etat semble s’être avoué vaincu, c’est aux organisations constituées en Haïti ou dans la Diaspora, aux Eglises, à l’Université, bref aux élites économiques, politiques et sociales qu’il revient de donner le ton, de dire halte là ! Ceci, pour mettre fin à la descente aux enfers. Elites haïtiennes de partout, réveillez-vous ! Unissez-vous !
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