Décidément, Haïti est abonnée à la rareté de carburant ! Depuis plusieurs mois, le pays fait face à une pénurie d’essence aigüe. C’est le plus grand « échec réussi » de la « Présidence gouvernementale » d’Ariel Henry. Gâchis ! Rareté d’hommes, rareté d’idées, rareté de convictions, rareté d’engagements…, l’on sait tous, depuis fort longtemps, qu’Haïti est la République de toutes les raretés. Mais, personne n’aurait osé penser qu’un pays déjà en panne de « bons Conducteurs » allait connaître dans son itinéraire des pénuries d’essence à répétition.
Une pénurie qui aujourd’hui s’inscrit dans son quotidien et auquel tout le monde, même le Gouvernement, s’adapte allègrement. Comme le manger et le boire, le carburant c’est le strict minimum. La transversalité de ce produit lui confère une importance de premier ordre. D’où, aucun pays digne d’être appelé « Pays » ne peut se permettre d’en être en manque. Ni dirigée, ni administrée, Haïti s’autorise toutes les bêtises. C’est un pays aux pompes fermées et où ceux qui s’adonnent au marché noir, à la vente du carburant sur les trottoirs, ont pignon sur rue. Pour gagner plus de frics, dit-on, les propriétaires d’essenceries s’acoquinent aux petits débrouillards du marché informel à qui ils confient la vente du gaz. Malignité ! Finalement conscient de son absence d’autorité, le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) a cessé de se fendre de « fausses notes », de « faux avis » rappelant que la vente illicite du précieux liquide est interdite et punie par la loi. Mais que vaut la loi quand il n’y a pas d’homme pour la faire respecter ?
Faire en sorte que le carburant, produit transversal, soit toujours disponible en Haïti pour éviter au peuple de connaître plus de petites misères inutiles, voilà un défi insignifiant que les Gouvernements qui se sont succédé, de René Préval à Michel Martelly, en passant par Jocelerme Privert, Jovenel Moïse, jusqu’au Premier Ministre-Président, Ariel Henry, ne peuvent relever. Notre HONTE est énorme et s’écrit en gras.
Comment sommes-nous parvenus à vivre dans un pays où l’on ne peut compter sur l’État même pour le strict minimum ? La question ne se pose même pas, puisqu’il y a longtemps déjà qu’Haïti a délibérément renoncé à être un pays, à faire société, à bâtir un État doté des traits caractéristiques (technicité, impersonnalité, omnipotence, continuité) aptes à rendre la vie possible. Du statut de Première République noire, nous sommes devenus brutalement une société de zombies fonctionnels. Les zombies-gouvernants et les zombies-gouvernés ne se rappellent plus, comme l’a d’ailleurs cru avec force et conviction Jacques Stephen Alexis dont nous avons célébré le centenaire de l’anniversaire de naissance l’année dernière, que « la politique c’est la science du possible ». Mais, depuis fort longtemps, hélas, nous ne faisons de la politique que pour impossibiliser le possible et faire d’Haïti un enfer où même le diable refuserait d’y trouver refuge.
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