Après plus d’un mois de grève, rien ne fonctionne au plus grand centre hospitalier public du pays. Si les responsables du syndicat l’hôpital avaient annoncé une trêve depuis le 31 mars dernier, l’hôpital de l’université d’Etat d’Haiti peine à trouver son rythme et risque d’autres mouvements de protestation.
Des lits délabrés sont déposés sur la cour. Des voitures immatriculées service de l’Etat sont stationnées. À l’entrée du service d’urgence, quelques rares employés sont assis calmement.
Bienvenue au plus centre hospitalier public de la capitale qui était en grève depuis fin février dernier.
Alors que les responsables du syndicat de l’hôpital avaient annoncé la levée de la grève après une rencontre avec les autorités sanitaires, jusqu’au jeudi 7 avril, les activités sont toujours au point mort.
Jacquelyn, employé depuis 27 ans à l’hôpital, dit ne pas comprendre cette levée de grève.
« Il s’agit d’une trêve à l’orale », lance le citoyen que nous avons croisé au service d’urgence, comme pour minimiser la décision des grévistes.
En effet, aucun signe ne montre un retour à la normale. Les salles sont vides. Aucun service ne fonctionne. Les médecins, notamment les résidents sont aux abonnés absents.
« Constatez de par vous-même. Rien ne se passe ici. C’est comme si on était encore en grève” », déclare un autre employé.
Si les grévistes ont trouvé une entente avec les autorités sanitaires pour mettre fin à la grève, mais pourquoi les activités sont toujours paralysées à l’hôpital général, se questionnent plus d’un.
« Si rien ne fonctionne jusqu’à présent à l’hôpital malgré la levée de la grève, c’est parce que les médecins résidents décident de ne pas venir travailler, car depuis 8 mois ils n’ont pas reçu leur salaire », explique Evlyne Fremont, présidente du syndicat.
La décision du syndicat de lever la grève ne fait pas l’unanimité au sein du secteur. Des employés de l’hôpital général et d’autres hôpitaux publics ont exprimé leur mécontentement par rapport à ce retrait.
« Pour lancer la grève, ils nous avaient contactés, mais pour la lever, c’est à la radio que nous avons appris la nouvelle », dénonce un employé d’un autre centre hospitalier public dont nous tairons l’identité ici.
Il est bruit que les responsables du syndicat ont reçu des pots-de-vin et ont négocié des postes avec les autorités pour faire machine arrière. Une information rejetée d’un revers de main par Evelyne Fremond.
« J’ai entendu des rumeurs faisant croire que nous avons reçu de l’argent des autorités pour mettre fin à la grève. C’est archi-faux », insiste Evelyne, qui met quiconque au défi de prouver la véracité de cette allégation.
Evelyne Fremond veut se montrer rassurante. « Non, la lutte n’est pas vendue », persiste et signe-t-elle, affirmant que des matériels commencent déjà à arriver à l’hôpital, même s’ils sont invisibles, du moins pour le moment.
Lits, matelas, oxygène, sérum, c’est un hôpital qui est jusqu’à présent en manque de tout, malgré les promesses faites par les autorités au sein du ministère de la santé publique et de la population.
Alors que le doute plane sur une reprise des activités à l’hôpital général, les médecins résidents menacent d’entrer en grève en vue d’exiger les 8 mois d’arriérés de salaire. L’HUEH n’est donc pas encore sorti de l’auberge!
Commentaires