La femme aux yeux bandés portant l’épée et la balance semble être, outre-tombe, du coté de Jovenel Moïse. En effet, certains signaux, en dépit de leur caractère clair-obscur, donnent un début de preuve que le dossier relatif à l’assassinat du 58ème Chef d’Etat d’Haïti ne serait peut-être pas classé dans la rubrique « Enquête se poursuit ». Croisons les doigts ! Avec l’arrestation de l’ex-militaire colombien Mario Antonio Palacios Palacios (3 janvier 2022), l’arrestation de l’homme d’affaires Rudolph Jaar (7 janvier 2022), l’arrestation de l’ancien sénateur John Joël Joseph (15 janvier 2022), trois hommes portant la lourde étiquette de Suspects-clés dans le magnicide du 7 juillet 2021, le doute quant à l’aboutissement de l’enquête est encore permis, mais à un degré moindre, dirions-nous nous-mêmes dubitativement. A tort ou à raison, doutons même de notre propre doute, puisque l’affaire Jovenel Moïse est tout un univers opaque labyrinthique où même l’éminent homme de loi risque de se perdre dans le démêlage de l’écheveau judicaire. En fait, le crime de Pèlerin 5 est affublé de gros qualificatifs ; crime transnational, crime contre l’humanité… Bref, laissons les Justices faire leur travail !
Oui, les Justices, disons-le bêtement, compte tenu du fait que l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse a la double nationalité, haïtienne et américaine. D’une part, Haïti via le juge Garry Orélien instruit l’affaire, auditionne des suspects potentiels au compte-gouttes, d’autre part les Etats-Unis accueillent dans leurs prisons des suspects-clés qui, déjà, sont passés aux aveux, confirmant ainsi leur participation à un niveau ou à un autre à ce crime qui a choqué toute une nation. Mais à l’évidence, l’Oncle Sam a une longueur d’avance sur Madan Kolo ; rien d’étonnant puisque la justice chez la seconde se complait dans sa défaillance et traine toujours les pieds, alors que chez le premier la justice est forte et voyage toujours en TGV. Préoccupation réelle ou simulée, en tout cas les Etats-Unis se montrent plutôt favorables à l’aboutissement du dossier à un point tel que le Congrès a ordonné, par une loi votée le jeudi 13 janvier 2022, une enquête sur l’assassinat du Président haïtien. Donc, trois mois sont accordés au Département d’Etat pour produire un rapport censé fournir une « description détaillée » des circonstances autour de ce meurtre. De qui viendra le verdict ? La réponse à la question « pourquoi a-t-on assassiné Jovenel Moïse ? » sera-t-elle importée ou sortira-t-elle de la terre natale du défunt ? Quelle vienne d’ici ou de là-bas, pour beaucoup l’important c’est de savoir.
Entretemps, la chasse aux suspects-clés ou auteurs intellectuels se poursuit…, du coté du FBI, croyons-nous. Joseph Félix Badio, l’homme dont le nom est cité comme une espèce de stratège-poids-lourd dans l’assassinat, est quelque part dans ce vaste monde pourtant si petit. Celui-ci est peut-être le détenteur de la grosse boîte de Pandore, puisqu’il aurait pris contact, dit-on, vrai ou faux, avec l’actuel Premier ministre Ariel Henry, le 7 juillet 2021, jour de l’assassinat du Président de la République. Accusation que le Chef du Gouvernement a mille et une fois rejetée. Tout compte fait, pour ceux qui aiment voir le verre à moitié plein, les plus optimistes, avec les arrestations en série des gros poissons, le bout du tunnel de l’affaire Jovenel Moïse n’est pas trop loin. Mais, pour ceux qui voient en tout ou presque partout théorie du complot, tout n’est que mise en scène et poudre aux yeux ; on ne saura pas plus sur la l’assassinat de Jovenel Moïse qu’on en sait, 215 ans après, sur la mort de l’Empereur Jacques 1er. Là encore, le doute est plus que permis !
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