Représentations sociales et pouvoir symbolique
Les représentations sociales collectives jouent un rôle central dans l’évaluation des comportements, des rôles et des statuts dans les rapports sociaux. Ces représentations s’appuient sur des normes et des valeurs qui, simultanément, légitiment et interprètent ces rapports. Elles permettent aux acteurs sociaux de s’évaluer et de se juger dans des champs de compétition où ils peuvent obtenir des gains matériels ou symboliques, tels que l’argent, l’honneur, l’admiration ou le prestige. Ces éléments constituent des facteurs déterminants de l’image qu’ils construisent et projettent au sein de la société.
La politique, en tant que champ social, illustre parfaitement la fonction des représentations sociales collectives dans l’interprétation et la légitimation des comportements de rôles et de statuts. Quelle lecture sociologique peut-on faire des acteurs politiques haïtiens qui se mettent en scène dans leurs rôles de leaders de partis ou de fonctionnaires de l’État ? Quelle image renvoient-ils à travers leurs comportements politiques ? Ces comportements sont-ils légitimés par les normes et les valeurs de l’activité politique en Haïti ?
Une culture politique marquée par le scandale
La culture et les pratiques politiques en Haïti sont marquées par des scandales immoraux qui entachent la réputation et la crédibilité des acteurs politiques. Qu’il s’agisse de leaders de partis, d’élus exerçant des fonctions dans les trois pouvoirs de l’État ou de technocrates favorisés par des influences politiques pour occuper des postes de direction dans la bureaucratie publique, ces acteurs sont souvent impliqués dans des scandales relayés par les médias.
L’inaction du système judiciaire contribue à un cercle vicieux de reproduction de ces comportements illégitimes dans la gestion politique. Cette situation engendre également une accoutumance des citoyens à des actes immoraux, les rendant indifférents à l’image qu’un leader politique devrait projeter pour être jugé apte à occuper des fonctions publiques ou des postes de direction dans la bureaucratie ou les secrétariats gouvernementaux.
Institutions affaiblies et leaders illégitimes
Malgré l’existence de mécanismes institutionnels et de normes visant à exercer un contrôle social sur les mœurs et la conduite des prétendants à la gestion publique, ceux-ci n’empêchent ni l’élection de leaders illégitimes ni leur nomination à des postes de responsabilité. Ces acteurs, souvent impliqués dans des scandales de corruption, de trafic de stupéfiants ou de liens avec des associations de malfaiteurs, continuent d’accéder à des positions de pouvoir.
Les sanctions imposées par des pays comme les États-Unis, le Canada ou l’Organisation des Nations Unies à l’encontre de certaines personnalités politiques haïtiennes témoignent de la moralité douteuse des leaders des classes politique et économique du pays. Des comptes bancaires sont gelés, des biens immobiliers saisis par des États partenaires dans les relations diplomatiques avec Haïti.
Pourtant, les médias semblent impuissants ou indifférents à mener des investigations approfondies sur les faits reprochés à ces présumés coupables d’infractions contre l’État et les populations civiles. Serait-ce une forme de connivence avec les leaders politiques et économiques dont ils dépendent financièrement ? Cette question mériterait une investigation journalistique rigoureuse.
Une image politique en crise morale
Ces faits révèlent une image de la politique haïtienne en état de paralysie morale. Cette situation conduit à une banalisation des institutions régaliennes, perçues à travers les représentations sociales collectives comme des espaces où n’importe quel individu peut aspirer à devenir député, sénateur ou président.
Le Parlement est parfois décrit comme une « antre de voyous et de gangsters », selon les mots ironiques de l’ancien président du Sénat, Andrice Riché. La présidence, quant à elle, est qualifiée de « récréation pour les bandits légaux » par la constitutionnaliste et ancienne Première dame, Mirlande Manigat, membre désabusée du Conseil des Sages dans le cadre d’une transition politique interminable. Les serviteurs de la justice, eux, sont souvent perçus comme des juges corrompus, à l’image des circonstances tragiques entourant l’assassinat du président Jovenel Moïse, impliquant un commando colombien et des responsables de la sécurité présidentielle, vraisemblablement sous l’influence d’oligarques économiques et d’une opposition machiavélique.
Une nécessaire rééducation collective
Cette architecture d’une image infâme et défavorable à la culture politique haïtienne renforce les représentations sociales collectives d’une population qui nécessite une rééducation pour mieux choisir ses dirigeants. De nouveaux critères de sélection, fondés sur des valeurs éthiques et morales, pourraient transformer un habitus politique et social qui avilit le peuple haïtien sous le regard de la communauté internationale.
Cette dernière, toutefois, n’est pas exempte de responsabilité dans la perpétuation de ces dynamiques, souvent complices des acteurs anti-nationaux immoraux et condamnables.
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