Depuis plusieurs années, Haïti est pris dans un engrenage de violence orchestrée par des groupes armés qui ont pris le contrôle de vastes zones du pays, y compris la capitale, Port-au-Prince. Ces terroristes imposent leur loi à la population, extorquent, kidnappent, tuent et provoquent un climat de terreur généralisée. Ce qui était autrefois un problème localisé est désormais une crise quasi nationale, paralysant la vie quotidienne et l’économie du pays.
Pour les Haïtiens ordinaires, vivre sous l’emprise constante de ces criminels signifie faire des choix déchirants chaque jour: aller à l’église ou à l’école ou risquer d’être pris entre deux feux, aller au travail ou au marché ou se faire enlever, ou ne jamais revenir, surtout avec la question du trafic d’organes qui défraie la chronique dans plusieurs zones du pays.
La liberté de circuler n’existe plus. Des quartiers entiers sont devenus inaccessibles, des familles entières déplacées, des écoles et des hôpitaux fermés. L’État, affaibli, inexistant, incapable, semble avoir perdu le contrôle. La police nationale, bien que courageuse, est sous-équipée et souvent dépassée par la puissance de feu des gangs qui imposent leur loi en toute impunité. Dans ce contexte, certains appellent à négocier avec les criminels pour “stabiliser” temporairement le pays. C’est une erreur fatale. Négocier avec les gangs est une trahison du peuple Haïtien et une insulte aux victimes.
Négocier avec ces terroristes armés, c’est légitimer leurs actes. C’est envoyer un message clair à la jeunesse haïtienne que le crime paie, que la violence est un chemin vers le pouvoir. Cela détruit toute notion de justice, d’autorité légitime et de confiance dans les institutions. On ne construit pas la paix sur l’impunité. Toutes les forces vives de la nation doivent dire non, nous devons lutter pour restaurer l’autorité de l’État.
Chaque fois qu’un dirigeant cède face aux gangs, il abdique son devoir fondamental: protéger ses citoyens. C’est aussi faire insulte à toutes les victimes innocentes qui ont perdu la vie ou leur liberté à cause de ces groupes armés. Ce n’est pas de la réconciliation, c’est de la soumission. Aujourd’hui, “viv ansanm” est classé parmi les terroristes, cela ferme toutes les voies de dialogue. On ne négocie pas avec des terroristes, on les élimine. Nous devons souligner que “viv ansanm” est bel et bien une organisation terroriste contrairement a ce que pensent certaines personnes. Souvent c’est une idéologie, mais surtout ensemble d’actes violents et illégaux commis avec l’objectif de provoquer un climat de terreur au sein de l’opinion publique ou d’ébranler la force d’un gouvernement ou d’un groupe. La cible peut être nationale ou internationale. Les terroristes utilisent les moyens suivants: assassinats, attentats, prises d’otage, etc.
La solution à la crise sécuritaire haïtienne passe par un renforcement réel de la Police nationale, les Forces Armées d’Haïti, un soutien logistique et technique international ciblé, et une réforme de la justice pour juger rapidement les criminels ainsi que leurs alliés. Il est temps de couper les sources de financement et les réseaux politiques et économiques qui alimentent ces gangs qui sèment la pagaille sur tout le territoire national en général et à Port-au-prince en particulier.
Mais surtout, il est essentiel de reconstruire la confiance entre l’État et les citoyens, à travers l’accès aux services de base, l’éducation, la santé, le travail. Ce sont les armes les plus puissantes contre la tentation de la violence. Sur ce, nous faisons appel aux ministères des affaires sociales et du travail, de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, MJSAC, MTPTC, environnement, tourisme, entre autres.
Haïti ne peut pas se permettre de se compromettre avec ceux qui détruisent son avenir. Négocier avec les gangs, c’est abandonner la République. C’est à l’État haïtien, avec le soutien de ses partenaires, de se montrer fort, juste et déterminé. Le peuple haïtien mérite la paix, mais une paix fondée sur la loi, pas sur la peur.
Thériel Thélus, journaliste, analyste politique, responsable de Ti Koze Ak TT Radio (www.tikozeaktt.net).
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