Depuis les bancs de l’école classique jusqu’à SafeLab, KenFS reste fidèle à sa passion pour le Rap. Ce genre musical lui permet de vider ses émotions et de la partager avec le monde. Le rap est l’expression même de ses combats et de ses victoires. Découvrons le parcours inspirant d’un poète qui tisse son histoire à travers chaque pulsation de sa musique aussi bien que cette dernière raconte sa vie.
Né Saint-Fleur Kendy, il est le premier-né d’une famille chrétienne comptant cinq enfants et revendique fièrement sa foi. Le jeune Kendy passe ses années de formation classique à Port-de-Paix. Suite au décès de sa mère, il voit s’évanouir une bourse d’études pour le Venezuela, puis, suite à une expérience carcérale, il abandonne ses études universitaires à l’université de Valparaiso de Port-de-Paix. Toutefois, après sa libération, il réalise que la musique constitue sa voie d’expression privilégiée.
Son histoire avec le rap
Son héritage musical remonte à son père, pasteur passionné de musique et compositeur de nombreux chants évangéliques. À ce propos, KenFS confie que la majorité des jeunes élevés dans la foi affectionnent la musique, omniprésente dans leur environnement. Ensuite en grandissant, il nourrit une passion pour le rap, façonnée par son amour de la musique et les influences de ce genre musical en plein essor durant son adolescence. Le rap, pour KenFS, ne se résume pas à un simple style musical ; c’est un canal par lequel il partage son vécu, véhicule des messages et établit un lien avec son public. « M ap rakonte w istwa m pou w ekri pa w », est l’une des phrases qu’il répète souvent. Après sa libération de prison, le rap devient donc son médium privilégié pour partager son message, fort de nombreuses histoires à conter, de nombreuses vérités à exprimer.
Quant à son pseudonyme, KenFS révèle qu’il lui a été attribué par un camarade de classe en philo. Face à leur quête de noms à l’époque, le camarade fusionne « Ken » de Kendy et les initiales « F, S » de Saint-Fleur pour former le nom. Initialement perçu avec légèreté, il l’adopte finalement lors de son immersion dans le rap.
Son influence majeure provient de Youssoupha qu’il découvre lors de son séjour carcéral, appréciant ce que Youssoupha raconte à travers sa musique, notamment sur la perte de sa mère. Celui qui, plus tard, pleurera la mort de sa mère dans « Vin wè w manman » se sent alors profondément touché par les thèmes abordés par le rappeur français. Cette connexion avec Youssoupha, qu’il perçoit à travers le style, le flow et les compétences, l’a conforté dans sa voie artistique. Par ailleurs, KenFS explore également diverses tendances musicales, telles que la soul, la pop, le compas, le jazz, le reggae, nourrissant ainsi son âme mélomane.
Une discographie riche et des collaborations enrichissantes
Jusqu’à présent, sa carrière dans le rap se distingue par une riche discographie avec des textes forts et empreints de poésie. Des singles tels que « N ap soti Lwen », son premier titre après sa libération de prison, et « Goodbye » ont marqué ses débuts, tandis que d’autres projets ont consolidé sa présence dans le milieu du rap haïtien. Citons notamment son mixtape « Plandattaq » sorti en 2016, comprenant 18 pistes, puis « Reskape » en 2018, comportant 18 pistes, « Plus fier que jamais » en 2020 avec 15 pistes, et également l’album « Panda » en 2023, offrant 20 pistes. Son dernier single en date, « 100 000 mo », succède à un EP « R.A.S. » sorti en décembre, alors qu’il se consacre à la préparation de son prochain album.
KenFS se réjouit de ses collaborations avec divers artistes, dont la plupart sélectionnés par le collectif Powèt Revòlte dont il a fait partie. Travailler avec des artistes et groupes renommés tels que Zomò et Rockfam a été un honneur qu’il chérit, tout en restant fidèle à ses principes. En effet, sa collaboration avec le groupe de Delmas constitue un moment marquant, car être en featuring sur un album de Rockfam, l’un des deux plus grands groupes de rap à l’époque, représente, à ses yeux, une opportunité inouïe.
Par ailleurs, sa collaboration avec Knaggs, MagicTouch et d’autres beatmakers revêt également une grande importance à ses yeux. Ces collaborations, survenues après la sortie de « Reskape », ont été des expériences enrichissantes, prouvant l’impact indéniable de ce single. KenFS évoque aussi ce bonheur d’avoir pu travailler avec d’autres producteurs tels que Filip, Jay et G-Black ; une expérience qu’il affectionne et qu’il poursuit aujourd’hui encore avec Jay.
Sa vision du rap
Du haut de ses années de carrière musicale, Ken FS porte un regard critique sur l’évolution du rap, tout en restant optimiste quant à son avenir. Il croit en la capacité du rap à résister aux tendances éphémères et à rester pertinent, malgré les défis du marché musical actuel. Sans langue de bois, il affirme que le rap tel qu’il l’a connu a visiblement baissé, car les rappeurs ne produisent pas suffisamment. Les genres en vogue actuellement, tels que le Drill et le Trap, captent largement l’attention des jeunes à la place. Il explique que son album « Panda », entièrement dédié au rap pur, a été une tentative de remonter la pente. Il aborde également les péripéties actuelles que subit le mouvement du rap d’une autre manière, pointant du doigt les médias et les blogueurs qui ne favorisent pas toujours la diffusion de ce qui le mérite, cultivant surtout un esprit clanique.
Pour KenFS, la musique n’est pas seulement un métier ; c’est son essence, un miroir de son passé et une projection de son avenir. Malgré toutes ses épreuves, incluant la perte de sa mère, KenFS trouve dans la musique un refuge, une voie à suivre.
L’un des moments les plus mémorables de sa carrière a été après la sortie de « Reskape », un moment magique qui a symbolisé une victoire pour tout le collectif Powèt Revòte qui prônait le texte, à une période où surtout le côté commercial primait. Touchés par son écriture et son message, ses fidèles supporters appelés Panda, l’honorent souvent en lui offrant des portraits, des médailles. Des gestes qui le touchent au plus profond.
Aujourd’hui, KenFS travaille sur son troisème album prévu pour 2025. Il s’est aussi lancé dans une nouvelle aventure avec la création de son propre label, Safelab, promettant d’apporter un souffle nouveau à la communauté de la musique en Haïti. En effet, Safelab est ce nouveau label qu’il a mis sur pied et qui a déjà pris sous ses ailes plusieurs artistes qui donneront bientôt de leurs nouvelles.
Source : Célébrité Magazine
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