La dégradation de la situation sécuritaire du pays interpelle certaines personnalités haïtiennes du secteur du divertissement. Entre désarroi et colère, ces créateurs touchent la plaie du doigt et expliquent le silence de leurs confrères.
Les artistes ne prennent pas toujours position. Cette autocensure est liée à la vulnérabilité de certains d’entre eux, selon BélO.
« Cela est dû à leur précarité et la fragilité de la question. De plus, les artistes n’ont jusqu’à date aucune association à travers laquelle ils pourraient exprimer une position commune », a expliqué l’interprète de Lakou Trankil, avant de lancer un appel à l’unité nationale pour sauver le pays qui se meurt à petit feu.
Ded Kre-Z abonde dans le même sens. Pour l’ancien chanteur de Mystik703, si les artistes haïtiens ne s’engagent pas, c’est pour ne pas compromettre leurs chances de gagner leurs pains, à travers les bals, les festivals, les fêtes champêtres et leur participation aux défilés carnavalesques.
Pour Matyas Dandò, le sujet est très familier. Comédien et militant politique, l’artiste a dû quitter le pays sous la présidence de Jovenel Moïse, pour échapper aux persécutions politiques dont il était l’objet par rapport à sa position.
« Les artistes reçoivent des subventions au niveau du parlement. Le gouvernement les favorise dans les festivals ou lors des défilés carnavalesques, alors ils préfèrent abandonner le camp des plus vulnérables pour s’associer aux prostitués politiques » indique Matyas.
Comme son homologue humoriste, pour Jean Maurice Délisma, la crise haïtienne n’est pas une blague. Jean Mau attribue l’entière responsabilité de la situation actuelle à l’incompétence du régime PHTK. Sans jeu de mots, l’humoriste condamne ces dirigeants qui au cours des 10 dernières années avaient priorisé les festivités au détriment d’un vrai projet de société.
Par ailleurs, le pays est en train de subir les conséquences de ses mauvais choix, de l’avis de DJ Kemissa. Rare femme disc jokey, féministe et juriste, elle salue tous ces artistes qui, au cours de son enfance ont, d’une manière ou d’une autre, fait montre d’un certain engagement. Kémissa fait allusion aux dénonciations repérées dans les chansons des années 90, notamment la musique racine. Ces initiatives qu’on retrouve de moins en moins dans la musique haïtienne malheureusement.
Entre-temps, l’insécurité s’installe comme élément du quotidien haïtien et tend à s’aggraver de plus en plus depuis au moins les trois dernières années.
À Martissant, Cité Soleil, la Plaine du cul-de-Sac, les bandits imposent leurs lois. Des familles sont terrorisées et se voient obligées de fuir ces régions, devenues des véritables terrains de guerre.
Nombreux sont les artistes et autres personnalités du milieu du divertissement qui ont déjà pris leur jambe à leur cou, pour aller s’installer soit en terre voisine, soit dans d’autres pays de l’Amérique.
Discussion about this post