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Haiti – Fin de mandat des sénateurs : Entre faux débat et vérité, choisissons la Raison

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Bernadin Jules
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En Haïti, depuis très longtemps, nous avons fait de l’ignorance, feinte ou réelle, et de la mauvaise foi des armes politiques redoutables, quoiqu’inefficaces. Comme si nous étions des fils légitimes ou adoptifs du diable, voire ses épigones, nous persistons allègrement dans nos petites et grandes erreurs. Au final, les jours passent, les conditions matérielles d’existence se dégradent, les inégalités sociales se creusent…, Haïti meurt à petit feu ! Dans notre singulier petit pays aucun débat n’est clos, rien n’est fini ; c’est le pays de toutes les crises, engendrées par des hommes de toutes les petites audaces, donc des hommes qui ne sont pas eux-mêmes « finis ».

Il y a exactement deux ans, le pays était agité par un vrai-faux débat autour de la fin ou pas du mandat des deux tiers du Sénat et de la 50ème législature. Président de la République « démocratiquement » élu, Jovenel Moïse, bon vivant à l’époque, avait tranché dans un simple tweet. Point barre ! Aujourd’hui encore, ce vrai-faux débat est à l’ordre du jour. Politiquement, Haïti est le Sisyphe des temps modernes frappé par le même châtiment consistant à pousser une pierre au sommet d’une montagne et qui retombe à chaque fois. Eternel retour du même ! Du « mauvais même », dirons-nous. Nos dirigeants à tous les échelons des pouvoirs sont comme des enfants en maternelle qui, faute d’une conscience aigüe des choses, ignorent quand leur Kindergarten s’ouvre et quand ses portes se fermeront pour laisser la place aux vacances. L’essentiel pour nos « dirigeants » c’est de jouer…, pardon ! diriger. Ils perdent la notion de tout, des commencements et des fins, des contenus et des durées. 

Ce qu’il convient de faire…

Que l’on ne s’y méprenne pas ! Les sénateurs avaient déjà mis fin à leur mandat par leur improductivité, leur indifférence, leur choix d’être inexistants face à la situation chaotique du pays sur laquelle ils ne se sont jamais prononcés en corps constitutionnellement et éminemment souverain. Soit ! D’ailleurs, c’est toujours le cas en politique en Haïti : l’accession au pouvoir pour nos politiciens c’est le temps opportun de se reposer sur ses lauriers, faire la grasse matinée, se la couler douce, après avoir battu campagne électorale dans les coins et recoins d’Haïti. C’est la République de l’indigence et de la paresse payantes et payées. En dépit de toutes ces considérations qui désolent plus qu’elles ne réjouissent, il faut reconnaître que le tiers restant du Sénat de la République maintient Haïti, peu ou prou, dans le cadre de la Démocratie représentative, quoiqu’en situation d’exception. L’approche recèle une certaine dichotomie, nous le concédons ; mais comprenez qu’aujourd’hui le Grand corps est ou pourrait être vu, symboliquement, comme une sorte de service de réanimation pour cette Haïti gravement malade et en mal profond de démocratie. Donc, il serait convenable que le Premier ministre Ariel Henry, fort de son état de facto, compose avec les dix (10) élus qui se devront de se (re)mettre au travail, pour éviter d’enlaidir encore plus notre chaos. A moins que le Chef du Gouvernement ne veuille provoquer une Mise à plat ou une Remise à zéro politique, là encore certains observateurs questionneraient à bon droit sa légitimité, ce dernier est impérativement obligé de ne pas mettre KO la démocratie haïtienne moribonde, de ne pas en finir arbitrairement avec l’insignifiante mais nécessaire idée institutionnelle qu’il nous reste. En bon neurochirurgien, il se doit d’opérer un miracle médico-politique. C’est d’autant plus essentiel que, même celui qui souffre d’anosmie (perte de l’odorat) peut, à moins de 24 heures du 10 janvier 2022, flairer l’arrivée imminente d’une période de trouble sans précédent sur la Première République Noire. En attendant de changer nos rapports avec le Droit qui sont des rapports pulsionnels viscéralement marqués par des intérêts personnels, il est impératif de faire de la Raison le point de départ de nos actions, parce qu’Elle reste encore, même quatre siècles après René Descartes, la chose du monde la mieux partagée.

Bernadin Jules

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