Aujourd’hui plus que jamais, la pourriture gît au fondement de notre société. Haïti risque l’effondrement total. Pour preuve, les institutions qui, essentiellement, apportent toute la vertu nécessaire à la démocratie n’existent plus. Celles qui fonctionnent au petit bonheur ne sont rien de moins que des caricatures. Avec seulement dix (10) sénateurs en poste sur trente (30) prévus par la Constitution de 1987, zéro député sur 119 sièges à pourvoir, un exécutif monocéphale-bancal fonctionnant sans Président de la République, les deux pouvoirs ‘’politiques’’ de l’Etat (Exécutif/Parlement) proclament à haute voix la faillite d’un système à bout de souffle.
Le pouvoir judiciaire, dont la technicité devrait favoriser l’établissement effectif de l’Etat de droit, ne sort pas du lot des institutions moribondes, au mieux, voire inexistantes, au pire. La plus haute instance judiciaire du pays, la Cour de cassation en l’occurence, est dysfonctionnelle, sans un président à sa tête depuis la mort du juge René Sylvestre, des suites de la Covid-19, le 23 juin 2021. A l’évidence, les trois pouvoirs de l’Etat sont décapités. Nous sommes dans un Etat où l’« exception » s’impose en règle. Donc, au regard de l’universalisme démocratique, c’est le non-Etat.
Tel le vieux philosophe grec de l’Antiquité, Diogène de Sinope, se promenant à Athènes en plein midi avec une lanterne à la main à la recherche d’un homme, ainsi aujourd’hui certains esprits avisés cherchent, en vain, l’adresse d’une Institution démocratique en Haïti. A défaut d’un Etat fort, détenteur du monopole de la violence légitime, l’on tombe sur des gangs armés jusqu’aux dents qui font et défont la loi. L’insécurité attend au premier carrefour quand elle n’est pas au seuil de la porte. Elle est générale et généralisée. Au regard de l’aggravation de la situation économique caractérisée par une inflation de 19,7%, selon le rapport d’octobre 2021 de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI), ajoutez-y les coups fatales portés à la démocratie, le pire est de plus en plus sûr ; l’effondrement la seule et unique garantie.
En dépit de tout, si ceux-là qui nous « dirigent » s’arment d’un certain caractère, vertu des temps difficiles comme l’aurait dit Charles de Gaulle, et s’érigent en « exemple », posant du coup des actions susceptibles de provoquer la chute des divisions sociales, Haïti pourra ainsi commencer à voir, au loin, le bout du tunnel de l’horreur. Aujourd’hui plus que jamais, la Fraternité doit être re-placée très haut à l’échelle des valeurs.
En effet, il faut que les Haïtiens réapprennent à se regarder et se parler en « frères », plutôt qu’en chiens de faïence ou en ennemis acharnés. Véritable levier pour lutter contre les inégalités sous toutes leurs formes, la Fraternité, une fois incarnée dans le droit comme dans les pratiques, ne manquera pas de nous conduire à un dialogue sincère afin d’enlever des « accords » existants toute coloration partisane, pour offrir au pays un « Accord inclusif », seul capable de nous éviter l’effondrement… total. Certes, la Fraternité ne se décrète pas, elle se cultive. A l’approche de la nouvelle année, optons pour un nouveau modus faciendi. Cultivons la Fraternité !
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