Les deux premiers jours du mois de novembre sont consacrés à la fête des morts et des esprits des morts. Malgré le climat d’insécurité qui prévaut dans le pays depuis des années, de nombreux Haïtiens s’étaient rendus au grand cimetière de Port-au-Prince, haut-lieu de culte, pour célébrer en grande pompe cette fête devenue tout carrément un patrimoine.
Il est 9h30 AM, l’accès est déjà difficile à l’entrée principale du cimetière à la rue de L’enterrement. Sur le frontispice on peut lire : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras dans la poussière ».
Des curieux et des riverains sont massés devant un stand érigé par la mairie de la capitale pour créer de l’ambiance relative à la fête. À l’entrée secondaire attenante à l’angle des rues Cameau et Monseigneur Guilloux, se trouve « Le mémorial du 12 janvier ».
C’est l’une des rares fois dans l’année civile ou liturgique que catholiques et vodouissants se rencontrent dans un même carrefour.
Entretemps, des marchands ambulants offrent aux visiteurs des produits comme la cigarette, l’allumette, l’alcool, des bougies etc.
Des gens viennent se recueillir sur la tombe de leurs proches, pendant que d’autres nettoient ou administrent de nouvelles couches de peinture sur des caveaux funéraires. Pour honorer les morts, certains apportent du café, du pain, de l’alcool (Kleren), de la nourriture, spécialement du tyaka, dans des kwi._
10h30 AM, arrive le représentant de Baron, époux de Grand-mère Brigitte (Grann Brijit).
Portant ses lunettes noires, une veste noire, un chapeau blanc, avec son visage badigeonné de poudre, Baron a énormément d’épingles attachés à son visage. Il implante une grande croix pour démarrer les rituels. Des croyants arrivent avec des bougies allumées, de la cigarette, de l’alcool pour produire leurs demandes auprès du représentant de Baron La Croix. La majorité d’entre eux réclament justice, délivrance et guérison pour eux-mêmes ou pour des membres de leurs familles.
Des prêtresses de vodou, entretemps, effectuent des incantations pour des personnes persécutées, qui se déshabillent pour prendre le bain mystique composé d’un liquide plein de substances méconnues et des feuilles de toutes sortes.
Des femmes et des hommes possédés par les esprits guedés introduisent du piment dans leur sexe, s’exprimant dans un langage peu explicite, s’apparentant au langage d’un nouveau-né.
Parallèlement, toujours à l’intérieur du cimetière, se trouve la chapelle « Notre Dame des sept douleurs », où une activité religieuse se déroule. Monsieur Jean Miracle Beauvil, directeur de cette chapelle affiliée à la paroisse Sainte Anne est au four et au moulin.
Entre une tombe et le mur de l’église, il érige son bureau et reçoit les fidèles qui viennent recommander des messes pour des défunts, en faisant une offrande volontaire. Deux fois par mois, un prêtre vient dire la messe pour les chrétiens à l’intérieur du cimetière, selon Monsieur Beauvil, qui appelle à l’aide des autorités pour que l’église puisse se procurer des bancs et des matériels de sonorisation.
Selon des chercheurs, les guedés constitueraient une tribu totalement disparue en mer lors des campagnes d’enlèvement par des Européens sur le continent africain.
En Haïti, cette tradition devient de plus en plus importante et est célébrée par beaucoup plus de croyants chaque année.
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