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Force internationale en Haïti : « Le Kenya n’est pas le meilleur choix », selon le Dr. Hugues SANON

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Les réactions controversées se multiplient, de part et d’autre, après le vote onusien ayant autorisé le déploiement d’une force multinationale sur le territoire Haïtien, qui est en proie aux violences gangstérisées et programmées, à une crise alimentaire aiguë et à une instabilité politique chronique. Adoptée le 02 octobre dernier par le Conseil de Sécurité à New-York, cette résolution précise qu’il s’agit d’une force armée extérieure des Nations Unies où elle sera financée par des contributions volontaires et le soutien des différents États membres et des organisations régionales, dans le strict respect du droit international. Cependant, Dr. Hugues SANON s’interroge sur le déploiement de cette force de sécurité non onusienne à travers deux (2) facettes différentes : cela peut paraître bien, pourtant, c’est une triste décision de la part du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Représentant spécial des relations internationales du Cojep aux Nations Unies, l’Ambassadeur Hugues SANON entend questionner le prochain débarquement des troupes étrangères en Haïti, en réponse à la demande officielle du Gouvernement de facto d’Ariel HENRY, en début d’octobre 2022, auprès du Secrétaire Général de l’Organisation mondiale.

“Les missions internationales d’armement n’ont jamais été couronnées de succès en Haïti alors qu’elles ont toujours apporté des larmes, des regrets, des maladies et encore plus de problèmes au peuple Haïtien”, a défendu le défenseur des droits humains lors d’une interview exclusive à notre salle de rédaction, en revenant à l’ONU après la 78ème Assemblée Générale pour poursuivre son plaidoyer en faveur de la paix mondiale. Accompagné de son épouse Emmanuella SANON et les membres les plus proches de son équipe, Hans Garry DORLÉAN et Octave SAINT-JUSTE, l’humaniste new-yorkais d’origine haïtienne ajoute que les missions précédentes ont aussi donné lieu à des abus sexuels sur les femmes, les enfants et même sur des jeunes garçons, au trafic d’enfants, à la violation des droits de l’homme et au scandale de l’épidémie de choléra de la part de la MINUSTAH qui a tué près de 9000 Haïtiens-iennes avec 800000 autres malades. À côté de ces actes malhonnêtes et irréparables, les soldats de l’ONU, selon l’Humaniste bien connu Hugues SANON, sont accusés d’avoir engendré des bébés et de les avoir abandonnés.

Par ailleurs, Monsieur Sanon a regretté que toutes ces missions de paix ont toujours débarqué en Haïti au nom de l’aide humanitaire ou pour rétablir l’ordre et maintenir la stabilité politique et économique ou pour démanteler les foyers de gang. En somme, l’activiste Hugues SANON se demande pourquoi s’agit-il d’une force internationale qui n’est pas affiliée au Nations Unies, alors qu’elle a été autorisée par le Conseil de Sécurité?

Conscient du cycle infernale créé par les gangs armés, et de l’impuissance des forces de sécurité nationales à rétablir l’ordre et la paix publics dans le pays, l’ambassadeur de la paix mondiale encourage les Nations Unies et d’autres pays partenaires à financer et équiper les Forces Armées d’Haïti et la police Haïtienne pour être plus efficaces dans leurs missions premières.

Aussi, Dr. Sanon a indiqué qu’il ne voit pas comment une mission internationale des forces armées peut résoudre le problème des gangs en Haïti puisqu’il existe des dizaines d’organisations criminelles différentes dans ce pays Caribéen. Il rappelle aux nouveaux occupants que la crise de 2004 n’est pas celle de 2023 où, soutient-il, la mentalité haïtienne est complètement différente à l’égard d’une mission internationale des forces armées. “Actuellement, les organisations de gangs sont beaucoup plus grandes et disposent beaucoup plus d’armes et de munitions pour commettre leur forfait. Le pire, c’est que les gangsters vivent dans le même quartier populaire d’avec le bas peuple Haitien”, a rétorqué le Représentant du COJEP aux Nations Unies, arguant que les forces étrangères ne pourront comprendre la configuration des gangs sur le sol Haïtien. Entretemps, le defenseur des droits de l’homme Hugues SANON préviendrait un “génocide” sur les masses haïtiennes si les troupes étrangères auraient essayé des confrontations armées pour détruire les gangs. Rappelant qu’un genocide est un crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

Hugues Sanon a également critiqué la résolution américano-équatorienne étant soumise au vote à l’ONU pour occuper Haïti militairement. “Les États-Unis d’Amérique, qui sont censés être nos amis proches, auraient pu tout simplement soutenir Haïti avec des équipements et des ressources pour aider à former ses deux (2) forces de sécurité, afin d’y rétablir progressivement  la normalité”, a proposé le promoteur de la justice et de la paix dans le monde. Il croit que cette solide “assistance financière et logistique” américaine ferait mieux aux forces de sécurité haïtiennes qu’aux troupes étrangères.

De surcroît, Mr. Sanon a dressé une longue liste de raisons pour lesquelles le Kenya ne devrait pas diriger une mission militaire internationale en Haïti, car, avance-t-il, les défis sociopolitiques, économiques et institutionnels au Kenya sont bien plus denses et pires qu’en Haïti. Selon le Dr. Sanon, la prudence est de plus en plus grande au Kenya en raison de la criminalité, du terrorisme, des enlèvements et des troubles civils. Aussi l’expert en droits humains affirme qu’en termes économiques, ce pays anglophone d’Afrique de l’Est est une nation à revenu intermédiaire inférieur, caractérisée par une répartition inégale des richesses. En outre, poursuit l’analyste politique, les principaux défis du Kenya comprennent la pauvreté, les inégalités, le chômage des jeunes, le changement climatique, la faiblesse persistante des investissements du secteur privé et la vulnérabilité de l’économie aux chocs internes et externes. Le pire a-t-il dit, plusieurs regions, zones côtières et/ou frontalières kenyanes sont hautement dangereuses à cause du niveau de criminalité, du terrorisme et d’enlèvements croissants.

À en croire l’Ambassadeur : “Le résumé du Kenya montre que les crimes violents, les guérillas urbaines et le terrorisme peuvent survenir à tout moment, et, de plus, la police Kenyane souffre souvent de pouvoir et de capacité opérationnelle pour répondre efficacement à ces graves incidents criminels et attaques terroristes”.

Pour le Dr. en sciences humaines et sociales, Monsieur Hugues Sanon le Kenya n’est pas le meilleur choix pour diriger une force multinationale en appui aux forces de sécurité haïtienne. Il a évoqué l’insécurité grandissante qui règne pleinement au Kenya en listant des attaques terroristes qui visaient des installations gouvernementales kenyanes et étrangères, des sites touristiques, des centres de transports, des hôtels, des marchés/centres commerciaux et des lieux de culte, qui comprennent des attaques armées, des attentats-suicides, des attaques à la bombe et à la grenade et des enlèvements. Il a donc relaté les mauvais fonctionnements de certaines écoles et autres établissements agissant comme centres de réhabilitation culturelle, sans oublier la détention des mineurs et des jeunes adultes contre leur volonté et, pour la plupart, soumis à des violences physiques.

Dr. Hugues SANON s’en prend à la demande “inconstitutionnelle” du Gouvernement haïtien illégitime. Plus d’un s’interroge sur la nature juridique de la demande d’occupation militaire étrangère du pouvoir d’Ariel Henry. D’après Monsieur Sanon, cette demande gouvernementale était entachée d’inconstitutionnalité et privée d’un large consensus politique chez les acteurs haïtiens.

En ce sens, le leader communautaire haïtiano-américain a déclaré que tout dirigeant de facto en Haïti appellerait toujours à tout déploiement de forces armées internationales pour “tenter à légitimer leur statut et kidnapper le pouvoir politique à sa guise” pendant de nombreuses années”, alors que ce n’est peut-être pas la volonté du peuple Haïtien.

Par ailleurs, Dr. Hugues Sanon n’entend pas digérer le fait qu’Haïti est actuellement le seul pays au monde qui ne compte aucun élu dans son administration. Depuis le deuxième lundi de janvier 2022, il n’y avait plus d’élus au pouvoir politique alors le Premier Ministre Ariel HENRY et son équipe “mafieuse”, selon le diplomate new-yorkais, sont les seuls à bord de façon irrégulière et inconstitutionnelle. Cette situation de fait et anarchique interpelle l’écrivain abondant Hugues SANON dans ses profondes réflexions sur la crise haïtienne.

Pour ce que représente Haïti sur les plans historico-politique et diplomatique aux yeux des spectateurs nationaux et internationaux, le théologien et defendeur des droits de l’homme s’est montré indigné face à l’envoi d’une énième “force étrangère” sur le sol dessalinien pour dicter à son pays la sécurité nationale. Il s’agit d’une honte pour sa démocratie et sa souveraineté, a-t-il signalé à notre salle de rédaction.

L’Ambassadeur a plutôt exigé une solidarité mondiale “urgente” pour Haïti qui est confronté à de nombreux défis, notamment des occupations, des coups d’État, des émeutes, des catastrophes naturelles et des ingérences politiques et économiques, conduisant à sa situation actuelle dégradante.

Dans la foulée, l’Envoyé spécial du COJEP aux Nations Unies dit condamner avec la dernière rigueur la montée de l’insécurité, de la violence armée, des activités criminelles, des actes d’enlèvement, de viols [collectifs] ainsi que les abus et violations des droits de l’homme qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité d’Haïti.

Se référant à la nature multidimensionnelle de la crise haïtienne, Dr. Hugues SANON appelle à ce que les aspects humanitaires et économiques soient également abordés parallèlement à la situation sécuritaire. Lui qui s’oppose “catégoriquement” à toute intervention militaire étrangère dans son pays d’origine, Monsieur Sanon a qualifié d’une mesure “extrême” le vote onusien ayant approuvé le déploiement d’une force multinationale sur le sol d’Haïti, en violation flagrante de la législation haïtienne en vigueur, défendant la mise en place d’un Gouvernement légitime et efficace qui sera capable d’adresser les problèmes profonds d’Haïti avec ses partenaires internationaux.

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