C’est dans la salle Guy Dallemand, ancienne bibliothèque de la faculté des Sciences Humaines, entité de l’Université d’État d’Haïti, que s’est déroulée la soutenance de mémoire pour l’obtention du grade de licencié en communication sociale de l’étudiant Jean Junior Nazaire Joinville.
« L’alternance codique dans le Compas: étude sur la réception des chansons à succès d’Arly Larivière chez les amateurs de musique en Haïti » est ce sujet de mémoire de l’étudiant qui a été apprécié et sanctionné par un jury composé des professeurs Edric Richard Richemond, Phares Jérôme et Dieutes Demosthènes, respectivement, directeur de mémoire, lecteur critique et président du Jury.
C’est une exigence académique pour tous ceux qui optent pour l’obtention du grade licence. En effet, ce travail de mémoire comporte quatre (4) parties qui sont la problématique, le cadre théorico-conceptuel, le cadre méthodologique et l’analyse.
L’étudiant, dans son travail a parlé de la naissance du Compas en 1955 dans un contexte sociolinguistique bien particulier. Il a rappelé toutefois que le créole a été marginalisé au profit du français. L’étudiant a également mentionné dans son travail le phénomène de boat people dans les années 70 où beaucoup de groupes musicaux s’étaient installés ou avaient pris naissance aux États-Unis sans omettre la relation des Haïtiens avec la République dominicaine. Ce sont ces quelques raisons évoquées pour expliquer la présence d’au moins quatre langues dans les chansons à tendance Compas.
M. Joinville a choisi 10 des chanson d’Arly Larivière ayant plus de vues sur YouTube entre la date de leur sortie jusqu’au 10 mars 2021. Le nombre de vues de ces chansons varie entre un à vingt millions, a-t-il argumenté par devant le jury.
A Cœur ouvert, À qui la faute, Cauchemar, Confessions, Pa anmede m, Rien que toi, Until When, Wasn’t mean to be, What about to tomorrow et why now, ont été entre autres chansons sélectionnées pour réaliser ce travail.
Entre 10 mars et 6 Avril 2021, sept (7) amateurs de musiques dont 4 à Port-au-Prince et 3 au Cap-Haïtien, ont été interviewés.
Le Cap-Haïtien a été choisi parce que c’est la ville natale d’Arly Larivière et Port-au-Prince, considéré comme la capitale du compas direct, a-t-il détaillé.
La compréhension des chansons d’Arly Larivière, selon l’étudiant, est un galvaudage du créole haïtien provoquant l’incompréhension.
Un apprenant du créole ne devrait pas écouter les chansons d’Arly, dévalorisant le créole haïtien et ne respectant pratiquement aucune règle.
L’étudiant s’est axé sur la manière ldont Arly traite les textes, le terme du registre soutenu de langage et le niveau académique avancé.
Toutefois, Nazaire admet que la mélodie de ses chansons est attrayante, ce qui signifie que les paroles ne sont pas si importantes, c’est la mélodie avant tout.
En guise de conclusion, l’étudiant déduit que les amateurs de musique en Haïti ne comprennent pas toujours les chansons d’Arly dans leur intégralité quoique ses chansons connaissent beaucoup de succès. Il y a toujours des mots ou expressions, des phrases ou encore des refrains qui restent incompréhensibles.
Selon les interviewés, ils chantent et dansent les chansons d’Arly en dépit de leur incompréhension qui est due à la présence répétée de l’alternance codique. Ils sont souvent ou toujours sous le charme de la mélodie et des émotions qui y sont associées, comme l’explique le professeur Pascal Terrien en théorisant sur la réception musicale.
Après la délibération, le jury a octroyé une moyenne de 79 à Jean Junior Nazaire Joinville, désormais licencié en communication sociale.
M. Joinville entend entamer une mini-tournée médiatique dans des émissions culturelles pour mieux expliquer son travail aux mélanomes.
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